« Disco »
Née en 1949 en Argentine, l’artiste argentino-suisse Vivian Suter a abandonné sa zone de confort en Suisse (où elle bénéficiait d’une reconnaissance institutionnelle), pour s’établir au Guatemala. Elle vit désormais à Panajachel, petite localité habitée par une communauté indigène. Le lieu possède une végétation magnifique, un grand jardin et une forêt touffue parcourue de sentiers secrets. L’artiste, en connivence avec cette nature féconde, incorpore les ingrédients immédiats de ses conditions de travail : végétation, vie animale, cycle des saisons, et temps qu’il fait. En véritable expérience sensorielle, son œuvre met en résonance peinture et nature, geste et hasard :« Je saisis la lumière, les sons, l’atmosphère ».

Vivian Suter peint en extérieur dans son jardin qu’elle appelle « mon studio ». Sur ses toiles tendues sur un châssis ensuite retiré, elle utilise divers matériaux, peinture acrylique ou à l’huile, pigments mélangés à de la colle de poisson. Parfois la boue ou des résidus organiques projetés lors d’intempéries, s’agrègent, soulignant l’impermanence assumée d’une œuvre singulière.

La palette chromatique est large et variée, des tons doux jusqu’à des couleurs saturées. Toute la toile est balayée par la gestualité intentionnelle ou spontanée du corps qui s’exprime. Si la pratique de l’artiste ne s’organise pas en séries, il est cependant possible de grouper des œuvres reflétant une même idée ou un même processus créatif, entre abstraction colorée et représentation plus ou moins figurative. On peut aussi considérer chaque toile, non pas comme un objet fini, mais plutôt comme un objet instable, évolutif, voire aléatoire.

L’exposition Disco (d’après le nom d’un des chiens de Vivian Suter) métamorphose les espaces baignés de lumière du Carré d’Art de Nîmes. Des centaines de toiles se déploient librement sur les murs, accrochées dans tous les sens, ou bien flottant dans les airs. Elles s’accumulent et se superposent. Le public se perd dans un imaginaire pictural singulier, à son rythme, en toute liberté, confronté à la seule exigence d’observer en pur émerveillement.
Jusqu’au 29 mars 2026
Carré d’Art à Nîmes (30)
En Une : Portrait – ©Chantal Vérin