Chaque été, “Un été à Fontevraud“, est un temps fort national de l’art contemporain à l’Abbaye Royale de Fontevraud, fondée en 1101. Au cœur du Val de Loire, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Abbaye, pendant sept siècles haut-lieu de spiritualité chargé du silence des moniales et de l’histoire de la dynastie Plantagenêt, constitue le plus vaste ensemble monastique d’Europe.
L’important travail de restauration mené par le service des Monuments historiques offre à ce site monumental une vie nouvelle. Désormais l’art s’y crée et s’y expose. Autour de la voix et des arts visuels, les disciplines sont plurielles, comme le souligne le directeur artistique Emmanuel Morin. Dans un riche parcours qui s’étend de l’église abbatiale aux jardins, des œuvres pérennes telles que “Un clin d’œil à Saint-Benoît” de François Morellet dans la chapelle éponyme, ou “les Cordes” de Vincent Olinet, côtoient les créations des artistes lauréats des résidences de création. En leur temps, on a vu Françoise Pétrovitch, François Réau et, récemment, Nicolas Alquin, remarquable sculpteur…
Cette année, dans le cadre de la résidence Plantagenêt, Fabien Mérelle a été invité à penser une installation sculpturale en écho aux quatre gisants de la dynastie des Plantagenêts dans la nef de l’église. “Une pierre derrière soi” se veut un hommage à Aliénor d’Aquitaine, grande reine de France et d’Angleterre qui a forgé le destin de ses fils Jacques Cœur et Jean sans Terre. Connu pour ses sculptures monumentales au Havre, Fabien Mérelle développe ici dans le prolongement de la sereine présence des gisants un récit poétique sur les liens familiaux.
Sur une multitude de cailloux et de blocs de tuffeau ramassés çà et là, et pour certains taillés sur place, de délicats dessins à l’encre, éparpillés dans le chœur, content des instants privilégiés de vie familiale tout en témoignant du passage de ceux qui bâtirent ces murs. Une grande et élégante sculpture en bois clair, un enfant s’apprêtant à jeter une pierre, invite le passant à poser son regard sur l’infiniment grand et l’infiniment petit.
L’Abbaye a été historiquement un lieu d’enfermement, choisi ou contraint, selon les époques. Nicolas Daubanes, connu pour son travail autour du monde carcéral s’est installé en résidence dans la partie qui fut de 1804 à 1963 une centrale pénitentiaire. Il a inventé de toutes pièces “La mutinerie de Fontevraud”, une révolte suivie de la mise à sac de l’Abbaye par les détenus. Récit fantasmé à partir d’images d’archives et de gravures des “Prisons imaginaires” de Piranèse. Il utilise un procédé très personnel à base de limailles de fer disposées sur une plaque magnétique, et grave des flammes orangées à la surface du verre. L’impression de désastre est fascinante et totale.
En Une : Parcours art – 2023 – Fabien Merelle
Fabien Mérelle “Une pierre derrière soi”
Nicolas Daubanes “La mutinerie de Fontevraud”
Jusqu’au 17 septembre 2023
Abbaye Royale de Fontevraud – Fontevraud-L’Abbaye (49)
