Le Moxy a ouvert ses portes à Lille en un temps où il était de bon ton de les laisser closes, hélas, « virusophobie » oblige… Dans ce superbe édifice à la façade classée, autrefois hébergeant la faculté de médecine de Lille, vit aujourd’hui un hôtel étoilé à l’ambition résolument ouverte et multiple. A ce titre, un espace dédié à l’art se déploie au sous-sol, consacrant une exposition à Régis Picart.
« Après avoir fait de la radio pendant plus de quarante ans, j’entame une nouvelle vie… photographique ». Riche de ses années dédiées à Radio France, Régis Picart a plus que raison de s’adonner à présent à sa passion pour la photographie.
Crieff – Ecosse
Ce lillois humaniste, amoureux de sa région et de son fief arrageois, parcourant l’Europe en ne se bornant point à la conventionnelle Union Européenne, est aussi doué pour capter le mouvement, la vie, l’humain, que pour rendre grâce au patrimoine. Un paysage devient graphisme, souligne la géométrie dans l’espace que peuvent former avec une intelligence naturelle des rangées de tulipes aux Pays-Bas ou des canaux de polders enchevêtrés vus du ciel, aussi bien que le canevas inextricable de tuyauteries colorées et imbriquées d’une usine dunkerquoise. Il saisit de façon remarquable les traces de l’humain dans la nature, coque de bateau éventrée, échouée sur une plage du Pas de Calais, ou épave rouillée, rongée par une mer qui la lave et la délave au gré de sa décomposition.
Ici au Moxy dans cette exposition joliment baptisée « Tronches de vie », Régis Picart croque le quotidien dans sa crudité mais aussi l’humour de certaines situations, ce qui n’est point sans nous rappeler Martin Parr. Il met en perspective ses photographies de scènes qui s’enchaînent par le biais d’un détail, d’une pose particulière ou d’une tranche de vie, les reliant l’une à l’autre dans l’orchestration de l’accrochage façon « marabout-bout de ficelle ».
Pojani – Albanie
Ainsi une rangée de gambettes de mannequins dans une vitrine font-elles un clin d’œil aux quilles dégingandées d’adolescents en maillots, sur une plage de Mers-les-Bains, dans la maladresse de leur corps grandi trop vite. Une mariée traverse un terrain herbeux dans un frou-frou meringué, pelouse que foule en tournoyant un écossais en kilt, jovial et débonnaire, dans un jeté de pierre. L’horizontalité d’un banc offre son hospitalité à deux amoureux nonchalamment allongés dans un tête à tête, assoupis sur un ferry britannique, tandis qu’une métisse pulpeuse fait une sieste alanguie, partageant elle aussi un banc, d’un Paris 18ème cette fois, au dos d’un badaud grisonnant et méditatif.
Ferry – Royaume Uni
Le point de vue de Régis Picart est aussi politique et engagé : un stand up de bonshommes casqués en uniforme entoure un Carnavaleux à Dunkerque dans une photo tragi-comique, tandis que se regroupent en siège, sur les barricades à Kiev, les révolutionnaires de la place Maïdan.
Dunkerque – France
Régis Picart se fait témoin de son temps et maillon fort d’une Europe intemporelle et universelle, où chacun ressemble à son voisin et lui est directement connecté.
Ce voyageur de l’âme, autant que des sentiers non battus, a résolument une longue carrière de photographe à nous faire partager. Long live Régis !
Jusqu’au 25 septembre 2022 Hôtel Moxy – Lille (59)
En Une : Kiev – Ukraine
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