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On en parle

Triennale Bruges 2024

Chantal Vérin, le 3 mai 2024

“Spaces of Possibility”

La Triennale de Bruges 2024 se déroule en même temps que la Triennale de Beaufort du littoral belge. L’art contemporain se déploie dans l’espace public, et chacun des projets revendique une incomparable identité.

L’œuvre d’Ivan Morison, “Star of the Sea”, installée sur la plage de Zeebrugge joue le rôle de charnière entre les deux événements et annonce la thématique développée à Bruges. Cette inquiétante forteresse en béton, à demi-engloutie sous les sables, vit au rythme des marées, entre effacement et réapparition.

Dans la ville médiévale de Bruges, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, et de ce fait “intouchable”, le thème de la préservation revêt une importance capitale et se heurte au défi de l’inévitable modernité. Comment l’art et l’architecture contemporains peuvent-ils proposer un cadre nouveau dans un contexte figé ? Au détour d’une ruelle, d’un canal, d’une place, d’un béguinage ou d’un jardinet, les propositions imaginées par douze artistes (inter)nationaux créent la surprise par leur profonde originalité. 

Adrien Tirtiaux – Under the Carpet – ©Filip Dujardin

Première halte sur un petit pont pour s’étonner d’une paire de bottes gigantesques qui flotte dans l’eau d’un canal, œuvre intemporelle du Colombien Ivan Argote titrée “Who“. Les bottes sont là, elles traversent l’histoire.

“The tower of balance”, tour en bois du thaïlandais Boonserm Premthada, se dresse en contrepoint contemporain entre trois tours médiévales, et mêle le son de sa cloche aux carillons de la ville.  “Full Swing” de la Libanaise Mona Hatoum, dans le jardin de l’Hôpital psychiatrique, est un souterrain plus qu’inquiétant. Une balançoire suspendue à l’intérieur oscille entre obscurité et lumière, captivité et liberté, et dehors et dedans. “Earthsea Pavillon” est une installation cylindrique dans la cour d’un hôtel particulier du XVème siècle. Les plantes et les graines incluses dans la construction vont éclore et modifier la structure face à l’immutabilité du bâtiment historique. 

So Il – Common Thread – ©Filip Dujardin

Très belle installation sur un bras d’eau, “Grains of Paradise” a puisé son inspiration dans l’histoire commerciale de Bruges, particulièrement prospère aux XIVème et XVème siècles. Les noires pirogues emplies de plantes exotiques colorées invitent au dépassement des carcans mentaux et des frontières. “Common Thread“, réalisé par un cabinet d’architectes américain, est particulièrement séduisant. La structure translucide s’inspire de l’ancienne activité dentelière de Bruges : un tunnel en voilage serpente à travers l’espace vert d’une cour intérieure et dessine d’inattendues nouvelles perspectives.

Studio Ossidiana – Earthsea Pavilion – ©Filip Dujardin

Pour l’édition 2024, sous le dénominateur commun de “Spaces of Possibility”, la Triennale a coopéré avec d’autres partenaires culturels ayant des racines locales. “Rebel Garden” se fonde sur l’image de jardins hors-normes et invite à réfléchir sur l’avenir de notre planète. Un étonnant exercice d’imagination et une invitation onirique à sortir des sentiers battus. Les responsables de la Triennale rappellent qu’à l’issue de l’événement tout sera démonté et les matériaux recyclés.

Jusqu’au 1er septembre 2024
Triennale de Bruges

En Une : Ivan Argote – Who – ©Filip Dujardin