Il est exceptionnel qu’une grande exposition ne dure qu’une journée. C’est le cas de “Trajectoires d’Asie“ qui a subjugué les visiteurs, jeudi 4 décembre, Hôtel de l’Industrie, à Paris, Place Saint Germain. C’est pourquoi Aralya se doit de prolonger cette manifestation organisée à la gloire de la Chine d’abord, mais aussi du Japon, en espérant que d’heureuses suites puissent avoir lieu.

Deux grands artistes chinois étaient présents. On devrait les revoir ici ou là. Le photographe Gao Wenxiu a présenté des œuvres encore jamais vues en France, des reflets d’eau mis en relation directe avec la grande écriture chinoise. Des lignes d’errance fragile signent la mouvante et discrète présence de la lumière sur le miroir de l’eau. Pur travail d’abstraction respirante dans l’infinie demeure du vide…

Créateur en pure calligraphie, Chen Yongwu a d’abord vécu dans un milieu familial favorable à cette richesse première des arts de Chine, puis ce furent des études universitaires centrées sur la discipline. Enfin, le point final, indispensable la rencontre d’un maître… Chaque grand calligraphe, par son style propre, participe de la lente évolution de cet art essentiel dans l’histoire de l’humanité, confluence de spiritualité, de poésie et de méditation. L’énergie de Chen Yongwu circule dans son pinceau.

Il a grandement participé à la création d’un livre étonnant, voire exceptionnel, élaboré par les “Éditions du Renard Pâle“, très présentes dans l’exposition. Le Renard Pâle, unique en France par la prodigieuse qualité artisanale de ses ouvrages, montre également deux photographies faites au Japon du grand photographe Hans Silvester.

Les corps-univers de Sophie Sainrapt, réalisés à l’encre, sont également un point fort de l’exposition. Elle envoûte les fusions charnelles les plus cernées, les plus dépouillées, les plus fortes et les plus archaïques. Du dehors au dedans, infinis sont les passages au pays de la peau sans limite. Ses lignes aventureuses, inventives, jouissives, éveilleuses toujours d’énergies vitales, plongent au profond du corps d’intimité… Et le corps-animal s’étire aux quatre coins du monde, et le désir croît… Les taches vitales, les corps et l’étendue s’étreignent. Le trait, épars et vif, est un prodigieux scalpel amoureux.
En Une : Chen Yongwu