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On en parle

Sophie Sainrapt – Des hauts et des bas

Christian Noorbergen, le 28 juin 2023

Ancien couvent de religieuses bénédictines puis tribunal de commerce, le Centre d’art Jean-Prouvé est aujourd’hui dédié à l’art contemporain. Il porte le nom du grand architecte innovateur dans la construction industrielle et l’utilisation de l’aluminium ayant œuvré à Issoire.

Sophie Sainrapt, familière d’expositions thématiques centrées sur ses séries, expose avec bonheur tous les registres de sa création. Rétrospective jouissive (2003-2023) !

Empreinte 3 – 2016 – 76×56 cm

Elle maîtrise toutes les techniques du trait et du geste, de la ligne et de la tache, du signe et de la vie spatiale. Elle a notamment collaboré à de nombreux livres d’artistes, des recueils de poésie, des œuvres littéraires qu’elle a enrichis de ses illustrations. Si le dessin domine la pluralité créatrice de l’artiste, connue à juste titre pour son approche tonique et charnelle du corps féminin, le Centre Jean-Prouvé sidère par la sidérante ouverture inventive de Sophie Sainrapt. Ses œuvres aigües sont autant de cibles visuelles à l’impact graphique prodigieusement pénétrant. Art souple et foisonnant de toisons indiscrètes et d’émotions secrètes. Art travaillé d’emportements lourds et de coulées légères. Le graphisme agissant est plus libre que la liberté. Il enclôt le hasard, l’instinct du geste, et l’irruption de l’instant.

Noir de femmes 14 – 2017 – Fusain sur papiers d’Asie – 75x56cm

Somptueux d’impressionnante présence, les noirs profonds montrent des corps lointains et frémissants, corps d’univers traversés de toutes les énergies du cosmos, corps en apesanteur qui flottent dans le véhicule du grand rêve.

Les rouges flamboient de sensualité diffuse, saisissante monochromie tellurique et vibrante. Ses corps de grand dessin-peinture deviennent ainsi de formidables effigies humaines, décisives, capitales, et toujours ciselées au scalpel.

Femme rousse – 2012 – Triptyque – 65×150 cm

La mythologie ne l’effraie pas et les animaux nés des fantasmes de l’intemporelle humanité hantent parfois ses secouantes créations.

L’Occident, l’Afrique et l’Asie font ici passerelle partagée. Et le singulier rejoint l’universel. Tout fait un dans l’œuvre intègre d’une créatrice détachée des affres de l’ego et des illusions de la possession. Nés d’eux-mêmes et d’une artiste-démiurge, toujours issus de modèles singuliers, bien vus et bien vifs, les corps de Sophie Sainrapt ont l’âge de la terre intime. 

En Une : Femme méditerranéenne

Jusqu’au 17 septembre 2023
Centre d’Art Jean-Prouvé – Issoire (63)