Singuliers théâtres – Douze artistes libres et insolites
Chantal Vérin, le 6 novembre 2023
Unique musée consacré aux artistes de sa région, le Musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône peut s’enorgueillir d’un fonds prestigieux grâce à la passion et la générosité des donateurs Muguette et Paul Dini. La collection permanente régulièrement enrichie et deux expositions temporaires par an offrent une belle vitrine à la création passée et présente de la région.
Le projet de l’exposition actuelle “Singuliers théâtres” a été initié par l’ancienne directrice Sylvie Carlier, dorénavant conservatrice au musée Marmottan. Elle a choisi les artistes exposés et rassemblé un conseil scientifique composé de quatre historiens de l’art, tous membres du “CrAB -collectif de réflexion autour de l’Art Brut”. C’est à Marion Ménard, la directrice du musée, qu’incombe la réalisation de ce beau projet.
L’exposition embrasse une vaste période chronologique, depuis les années 1880 jusqu’à aujourd’hui, et englobe une riche diversité de pratiques artistiques (peinture, dessin, sculpture, architecture). Art brut, naïf, singulier, hors-les-normes, outsider…, les définitions et étiquettes savamment présentées en introduction se complètent et s’entrechoquent, mais ces subtils labels ne sont pas totalement le propos de l’exposition. Manifestation non-exhaustive limitée à douze créateurs de la région, dont certains figurent dans la collection permanente. Ils sont individuellement présentés côte à côte, puis regroupés et confrontés en fin d’exposition dans une sorte de synthèse théâtrale et drolatique. A la fois sérieuse et ludique, l’exposition fait joyeusement “valser” les étiquettes pour ne retenir que l’originalité et la personnalité de chacun.
L’imposant Palais idéal du facteur Cheval et sa bizarrerie, les “barbus Müller” d’Antoine Rabany, statuettes aux accents “primitifs”, les sculptures de Joseph Barbiero, ses dessins peut-être conçus comme des esquisses préparatoires, sinon des œuvres à part entière, la peinture foisonnante et colorée d’Anselme Boix-Vives, les “totems” de Gaston Chaissac, l’univers poétique et “les collages d’épluchures” de Philippe Dereux, les troncs sculptés de Jean Rosset, toutes ces œuvres restent associées à des créateurs d’origine modeste (cultivateur, maçon, berger), parfois sans instruction ni formation artistique, mais tous “libres et insolites”.
A l’écart et en contrepoint, Marie Morel ! Ancrée dans l’art et la créativité dès son plus jeune âge, on peut lire, à travers une succession d’images et de brefs messages, tout son engagement humaniste, sa dénonciation de l’injustice, et, dans les tableaux présentés à l’exposition, son mépris de l’exploitation de l’homme par l’homme. “J’étale ma richesse“, dit le nanti, tandis que l’affamé, nu, n’a qu’un os à ronger.
Isabelle Jarousse, quant à elle, se distingue par l’originalité de son œuvre : un savoir-faire étonnant dans la fabrication de la pâte à papier, acquis lors de ses études aux Beaux-Arts, et un magistral travail artistique de dessin sur un papier-chiffon entièrement façonné par un geste proche de la sculpture.
Ces deux artistes échappent à toute influence et classification, et à ce titre, elles trouvent une place forte et juste dans l’exposition.
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