Dans l’art d’incantation de Sabine de Courtilles, chaque corps est une île de nature, et chaque sculpture enferme en elle-même, en sa magique complexité, une pluralité de possibles. Sous l’apparence unique, l’ouverture mentale convoquée maintient intacte la charge hétérogène des puissances imaginantes.
L’être-arbre renvoie par ses racines aux archaïques forces chtoniennes des profondeurs de la terre, et les élans des arbres-bras signent la proximité du ciel. Puissance arrimée des sources alliée à l’émouvante fragilité plastique des hauteurs…
Pour la santé de l’immense, Sabine de Courtilles, artiste chamanique, voire animiste, révèle les noces éternelles de l’homme et de la nature… Parcourant sans fin les sous-bois du monde, elle recrée le corps-univers, après avoir ramassé, puis amassé en atelier branches et brindilles abandonnées. Elle les soigne d’abord par compassion, puis leur offre en art une très sensible et belle survie. Sa création éveillante et généreuse intègre allusivement une discrète et subtile dimension écologique.
Ses êtres-nature, en osmose avec les saines énergies de la terre, sont autant de servants qui participent d’un sacre ouvert et tendu comme des rhizomes aériens, proposent une atmosphère fantastico-symboliste aux fines allures de rêverie et de lâcher-prise mental. Ces verticales végétales prolongent le corps et calligraphient l’étendue, car les sculptures de Sabine de Courtilles, traversées d’espace, sont autant de voies d’élévation.
De l’arbre à la roche, de l’animal à l’humain verticalisé, infinies sont les approches en pays d’art. Art des origines.
Jusqu’au 8 septembre 2024 – Orangerie du Jardin du Luxembourg – Paris 6ème
En Une : Vue de l’exposition à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg