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On en parle

Regards sur la photographie contemporaine

Christian Noorbergen, le 11 octobre 2019

“Transfiguring“
ou la traversée des apparences

Un groupe de fulgurants photographes, créé par Olivier de Cayron, expose ici et là. Chocs saisissants de qualité ! La création photographique oxygène ici la modernité.

Création saisie à la gorge. L’outil de ces artistes sert la main, l’œil, et le corps. Ces artistes, d’Adrienne Arth à Georges Dumas, et d’Isabelle Seilern à Willy Bihoreau, sont d’abord de l’humanité. Et chacun est une île. Ils ne tentent pas de saisir, ils sont saisis. Ce sont de grands “ouverts“. Ils traversent les chemins du temps au bout des possibles de l’œuvre, et le taux de compression mentale augmente.

Arnaud Sabot – West

Chaque œuvre de ces créateurs singuliers vibre à deux vitesses : impact de l’instant, sous un déferlement instinctif joliment organisé, et alluvions émotionnelles, dans la durée. Les durs artistes de Transfiguring ne dupliquent pas l’étendue. Ils l’accidentent et la bouleversent. Ils vivent les conflits du temps sans les fuir. Ils font face. Ce sont des résistants et des récalcitrants. Ils corrodent l’art et le restituent aux virtualités fulgurantes. Le registre plastique ouvert par les créateurs photographes est sans limite. La superbe fluidité des procédés mis en œuvre par la photographie, multipliée par l’ère numérique, ouvre à l’aventure de domaine encore inexplorés. Et dans un monde qui va trop vite, la photographie devient mémoire implacable et vitale. Et plus que tout autre forme d’art, la création photographique permet le partage…

Max Foggea – 22 regard

Ces créateurs photographiques de haute vérité, ces opérateurs à prodiges visuels, n’ont pas besoin des beautés fabriquées qu’il faut louer pour exister. Ils touchent au profond du spectateur des zones psychiques en attente. Ce sont des veilleurs de vie. Des éveilleurs, et des casseurs de clichés.

Françoise Peslherbe – Radeau méduse

L’artiste est d’abord celui qui prend ses distances avec la séduction des apparences et les fragiles surfaces de la modernité. Ce qui rend la création photographique, paradoxalement, plus difficile et plus exigeante. Et parfois plus riche.