Belle exposition, à Paris, d’un grand peintre-musicien, Frédéric Couraillon. Chez lui, la matière dévoilée vibre et palpite, véritable croûte vitale issue des confins du dedans, en intimes sécrétions d’intimité lointaine. L’opacité des origines couvent dans ces peintures âpres et tendues, un rien fantastiques, un rien réalistes, et toujours saisissantes de présence. Des bruns profonds de terre d’âme incantent l’étendue. En féérie subtile et pudique, des signes surgissent, étranges créations vaguement végétales, vaguement animales, vaguement humaines.
“Je suis peintre et pianiste, et je ne peux me passer ni de l’une ni de l’autre. Devant la page blanche, il y a tout à faire. Je puise dans les choses anciennes, aussi bien dans des miniatures persanes que dans des textes de Dante. L’ancien me porte. Mais j’aime que l’image m’échappe et dérape. Elle se construit au fil du trait, le tableau m’emmène…Je peins dans un grenier, endroit obscur où j’expérimente. Seul le tableau est un peu éclairé. Tout part de l’intériorité. Tout ce que j’aime et vis en profondeur se retrouve en peinture. J’ai passé mon enfance dans la nature, je pars d’elle. On voit peu de ciel, plutôt les sous-bois, et les arbres, avec leurs racines. Racines d’être, racines de vie, racines d’art… Dans l’acte créatif, il y a quelque chose de la racine.
Je capte la lumière par peu de lumière. Elle est sourde, elle vient du fond. Je recherche une approche non-frontale de la lumière. Les éléments viennent des profondeurs. Ils ne se donnent pas complètement. Peut-être par pudeur. Il y a quelque chose de l’intériorité qui ne peut pas se livrer entièrement, et qui émerge lentement quand on fait un tableau. J’avance à tâtons. L’incertitude demeure, comme si je ne savais pas faire un tableau.
Dans le cheminement d’un tableau, il y a beaucoup de matière. Elle est d’abord hors-vie, sans vibration. Je lui donne vie. Au fur et à mesure que j’accumule de la peinture, peu à peu, le tableau prend vie par lui-même. J’essaie d’harmoniser la matière, de lui donner une résonnance. Il faut qu’elle garde son authenticité. C’est le tableau seul qui me donne ses propres codes, pour qu’il évolue. Je tends au peu de couleurs. Je suis à l’affût de ce qui arrive dans le clair-obscur de la toile.
Je pense au charbon. J’ai trouvé ce matériau dans de vieux sacs. J’ai commencé à l’intégrer dans mes tableaux. C’est un matériau souterrain, apte à la métamorphose. Je lui donne sa noblesse. Je transforme ce matériau pour en faire un ciel étoilé.“
En Une : Les citronniers – 2020 – 130×97 cm
Jusqu’au 30 septembre 2023 – Galerie Thomé – Paris 6ème
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