Le musée des Beaux-Arts d’Orléans favorise depuis plusieurs années le dialogue entre création contemporaine et art ancien en invitant des artistes à interagir avec ses collections. Cette année, c’est la riche production graphique de Pierre Buraglio que le musée met en lumière, avec l’exposition « Pierre Buraglio, œuvres sur papier (1960-2025)« , sous le commissariat de Philippe Bouchet.
Depuis plus de soixante ans, Pierre Buraglio explore le monde réel avec celui de la peinture et du dessin, croisant les deux médiums « sans pour autant que l’on puisse établir de passerelle ». Parmi les motifs l’autoportrait est en bonne place, entre étude d’une posture, impact d’un regard et introspection. Parfois, la tête est évidée : « J’ai éludé la face, considérant que le vide renforce la présence plutôt qu’un visage très bien copié ». Les séries intitulées D’après… autour…, selon …, réalisées à la mine graphite ou à l’encre, d’après les maîtres anciens, révèlent l’attention portée aux œuvres du passé.
De Nicolas Poussin, Pierre Buraglio étudie « Le Massacre des Innocents« , qui fait partie de la série des Dessins d’après, entamée en 1979. Après avoir étudié la composition du tableau, extrait les détails (main, tête ou attitude), il propose, sous forme de cartons découpés et colorés à la gouache, une reconstitution synthétique toute personnelle. Il puise dans l’histoire de l’art, de Jusepe de Ribera, Velázquez, Vermeer, Giotto, à Jean Hélion et Simon Hantaï, dont il fut l’ami. Son questionnement permanent sur la manière d’organiser une surface par des moyens graphiques reflète l’une des préoccupations majeures de sa démarche créatrice. Le dessin aquarellé de 2024 présenté dans l’exposition, « D’après Subleyras, Diacres avec candélabre », en est un parfait exemple.
Figurative, abstraite, ou s’inscrivant au-delà de ce clivage traditionnel, sa production d’œuvres sur papier est d’une étonnante inventivité. Pierre Buraglio fait appel à une pluralité de matériaux et de supports, papiers, cartons ou calques. La série ancienne des « Agrafages », datant des années 1960, s’appuie sur un réemploi d’anciennes toiles découpées en triangles irréguliers, réassemblés, et le résultat final peut se confondre avec des œuvres sur papier. Il utilise divers outils, crayon, pierre noire, sanguine, gouache, encre, et développe des techniques variées en proposant d’innombrables variations. On trouve même un tissage réalisé à partir de paquets de cigarettes « Gauloises » d’un bleu identifiable.
À Orléans, invité à mêler ses œuvres anciennes et ses dessins créés in situ aux œuvres des collections permanentes du musée, Pierre Buraglio dévoile la richesse et la multiplicité d’une pensée en constante recherche depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui.
Un catalogue accompagne l’exposition et un livre « Sur le vif, et précédemment. Pierre Buraglio, œuvres sur papier (1960-2025)« , par Philippe Bouchet, préfacé par Olivia Voisin, directrice du musée est en préparation.
Jusqu’au 21 septembre 2025
Musée des Beaux-Arts – Orléans (45)
En Une : Pierre Buraglio – Autoportrait – Huile sur papiers découpés – 2001 – Paris – Collection Olivier Nouvellet – ©Photo Alberto Ricci
