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On en parle

Paul-Elie Dubois – Itinéraire(s) d’un peintre-voyageur

Chantal Vérin, le 1 juin 2023

Forteresse médiévale du XIIIème siècle, perchée sur un éperon rocheux, le Château des Ducs de Wurtemberg, à Montbéliard en Franche-Comté, domine la ville et ses environs. Il abrite des collections diverses, archéologie,

histoire naturelle (le naturaliste Cuvier est natif de la ville), ou encore histoire du territoire. L’importante collection Beaux-Arts fait la part belle aux artistes régionaux, tout comme aux artistes de la seconde moitié du XXème siècle, autour de la célèbre figure de Jean Messagier.

Paul-Élie Dubois – L’Ahaal ou Cour d’Amour – ©John Darboux

L’exposition monographique “Paul-Elie Dubois, itinéraire(s) d’un peintre – voyageur” retrace la vie de l’enfant du pays (1886-1949) solidement attaché à ses racines familiales, puis confronté à la vie artistique parisienne, avant de devenir le “peintre du Hoggar”. 200 peintures, dessins, documents d’archive et objets d’époque retracent les jalons de son itinéraire, selon un éclairant parcours chronologique, mis en scène par la commissaire Barbara Gouget.

Paul-Élie Dubois – Au jardin du rêve – ©Jack Varlet

Entre académisme, art “colonial” et modernité, Paul-Elie Dubois s’inscrit dans l’air du temps. Ses racines franc-comtoises et l’attachement à une famille protestante rigoriste jamais oubliés, l’École des Beaux-Arts à Paris et les expositions dans les Salons officiels, donnent des tableaux à la composition méthodique, où le travail autour de couleur et de la lumière est palpable, à la manière impressionniste. Par ailleurs, il rencontre Albert Marquet, Maurice Denis et Henri Matisse. Très tôt attiré par un ailleurs “plein de lumière”, il concrétise son rêve de voyages en 1920, lorsqu’il intègre la Villa Abd-el-Tif à Alger, foyer artistique qui accueille peintres, sculpteurs et graveurs dans un cadre idyllique pour l’inspiration des résidents qui participent à la promotion de l’Algérie lors des expositions coloniales.

Paul-Élie Dubois – Paix dans la lumière – © Musée du quai Branly

Paul Elie Dubois s’inscrit dans ce contexte, mais, conscient des changements liés à la conquête coloniale, il s’inquiète très vite de la perte des valeurs et traditions. Il rejoint alors le territoire vierge du Sud de l’Algérie, affronte l’hostilité des plateaux désertiques et les reliefs acérés du Hoggar. Il accepte les conditions parfois périlleuses de l’aventure, et se passionne pour le peuple touareg et le destin de Charles de Foucault.
Il s’immerge totalement dans des contrées très peu connues, approche les populations locales, croque et photographie l’aveugle de Marrakech, des danseurs et musiciens arabes, un cortège de Mauresques voilées de blanc au cimetière, des guerriers, et une merveilleuse “Princesse verte”.

Paul-Élie Dubois – Akamouk Ag Jhemma Amenokal du Hoggar – ©John Darboux

Témoignage ethnographique de la culture d’un peuple, certes, mais surtout travail d’un artiste, incessant voyageur et observateur, à la démarche artistique originale, loin des clichés et des compositions artificielles.

En Une : Paul-Élie Dubois – Le Blanc cortège ou Mauresques au cimetière d’El Kettar – © Jack Varlet

Jusqu’au 29 octobre 2023
Musée du Château des ducs de Wurtemberg – Montbéliard (25)