« Laisser couler la couleur » clament une vingtaine de toiles aujourd’hui présentées à l’élégante galerie Faidherbe, sise dans le XIème arrondissement de la capitale. Mantra d’Olivier Debré, cette locution nous invite à un voyage coloré et sensible dans l’univers de cette figure majeure de l’Abstraction Lyrique.
Paysagiste ? Debré s’en défend ! C’est le lien entre la nature et l’homme qu’il s’attache à traduire, mettant en couleurs et en toiles les émotions brutes et généreuses que cette nature lui inspire. L’exposition présentée rappelle l’attachement de Debré à la Loire, berceau de ses origines, mais pas que ! Voyageur curieux et insatiable, explorant et exposant sur les cinq continents, il titre ses œuvres de noms d’ailleurs qui subliment les saisons et font exploser les couleurs. L’automne est lisse en Touraine, le printemps se pare d’ocre rose. Poésie des titres, amour des mots qui rappellent ses collaborations avec Michel Déon, Francis Ponge ou Julien Dracq et ses propres essais littéraires.
Ses personnages-signes, emblématiques des années 60, traversent les toiles pour se fondre peu à peu dans l’abstraction, glissant en douceur vers les années 80. Par-delà les territoires aux noms évocateurs, il nous offre un périple au pays de la couleur mais aussi de l’eau, sous toutes ses formes. Ses toiles sont autant de plongeons dans les fleuves, mers, lacs, ports qui jalonnent son parcours de vie. La Baltique auréole les rivages de Stockholm, les aurores boréales rosifient le petit port de la norvégienne Svanoy, et de notre douce France, il peint notamment cette Loire qui lui est chère, écorchant d’un bleu lazuli des teintes vert jaune pâle.
Si les compositions des années 50 évoquent un certain De Staël, à l’instar de Rothko par deux fois rencontré, ses gammes chromatiques revisitent la monochromie, en témoigne cet automne flamboyant du New Hampshire qui colore les forêts d’un rouge exalté. Touches de couleurs vives en empâtements ou saignées joyeuses rompent la monotonie : contraste des traînées vert-bleu lumineux dans le rouge de Madurai, illustration d’une Inde grouillante et galante, ou ce vert éclatant ponctuant la douceur irisée de Toulouse la rose.
Affirmant sa volonté de rendre hommage aux peintres de l’Abstraction du XXème siècle, Hartung, Poliakoff, Schneider, Alechinsky, Lanskoy, Leroy et tant d’autres, les galeristes Isabelle et Pierre Darras exposent Olivier Debré, monstre sacré dont la disparition en 1999 coïncide avec celle de son siècle, fin de règne d’un millénaire. La galerie lui consacrait déjà en 2021 un premier hommage, quand Debré, amateur de danse, parait de ses décors et costumes le ballet Signes de la chorégraphe Carolyn Carlson à l’Opéra Bastille. L’exposition actuelle sacre le printemps, choix délibéré d’une ode à la nature, sa liberté, son impermanence et surtout l’exaltation des couleurs.
En Une : Petite madural rouge trait bleu et vert – détail – Huile sur toile – 1989 – 41×27 cm
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