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On en parle

Olivia Paroldi – Estampes urbaines

Chantal Vérin, le 4 mars 2020

Olivia Paroldi dessine, grave sur du linoleum, estampe, et souvent, de par le monde, colle dans la rue. Elle a découvert la gravure au cours de ses études à l’École Estienne, œuvrant d’abord à l’Institut des Jeunes Aveugles, avant de se consacrer à l’art urbain. Ses estampes investissent la rue, à la manière d’Ernest Pignon-Ernest, dont elle revendique volontiers la filiation, dans une œuvre libre et gratuite, accessible à tous. «Je place dans la rue mes estampes, pour faire de la rue un élément du travail».

Travail de l’éphémère, quand le vent et la pluie décollent le fin papier, effacent tout ou partie du dessin, ne laissant que des traces. L’enfance, inépuisable source d’inspiration, est un thème central. Souvent collées au ras du sol, les images fascinent et provoquent le regard. Elles sont toujours poétiques, même lorsqu’elles qu’elles dénoncent les droits bafoués et la vie en marge de nombreux enfants, comme les petits Roms des bidonvilles. «Déracinée», «Enfants de l’exil», «Mauvaises graines», «De l’autre côté de la mer», les titres parlent d’eux-mêmes ! « La Berceuse du bitume » représente une poussette usagée qui transporte des bidons d’eau pour les enfants, et de pauvres objets de récupération.

Le Centre d’art contemporain des Pénitents Noirs de la ville d’Aubagne a accueilli Olivia Paroldi en résidence. Coralie Duponchel, co-commissaire de l’exposition avec Olivia, justifie ce choix, « Olivia est une jeune artiste qui respire la générosité et le partage », et son œuvre s’inscrit parfaitement dans la politique de médiation culturelle de la ville, en lien avec le Festival du Livre et de la Parole d’enfant « Grains de Sel », la Saison du Dessin, et les nombreux partenariats en direction des publics scolaires.Aux Pénitents, Olivia Paroldi a réalisé une belle scénographie, aérienne et sensible, qui occupe admirablement tout l’espace du lieu autour de ses thèmes de prédilection, avec quelques somptueuses pièces majeures, comme « L’Envol », fillette s’élançant sur une balançoire , qui occupe tout un mur, « Le champ des chrysalides » aux enfants grandeur nature accroupis sur le sol, et enfin la grande fresque des « Droits de l’Enfant ». En douces teintes bleu-vert, une histoire d’humanité, plurielle et magique, anoblit l’étendue.

A découvrir jusqu’au 18 avril 2020
Centre d’Art Contemporain “Les Pénitents Noirs” – Aubagne (13)