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On en parle

NOTRE DAME DU PATRIMOINE…

Christian Noorbergen, le 2 décembre 2019

“Avant – Maintenant – Après“

L’incendie de Notre Dame de Paris a bousculé notre conception du patrimoine. C’est un évènement tragique qui n’a coûté aucune vie humaine. C’est un évènement religieux qui touche tous les incroyants. C’est un évènement local qui concerne la terre entière. C’est un évènement qui met en lumière ce que nous devons à l’histoire et ce que nous devons faire aujourd’hui. 

Suscitée initialement par l’incendie qui a détruit la Cathédrale Notre Dame de Paris, cette exposition est l’occasion d’une réflexion sur la réalité de notre patrimoine et de son évolution perpétuelle. 

Depuis plusieurs années, YANG Xiaomin et Bertrand BELLON, appartenant à deux histoires et deux mondes très différents, la Chine et la France, ont pris l’habitude d’apprécier le travail de l’autre et d’exposer ensemble. Leur travail partagé est aujourd’hui exposé.

Le patrimoine est aussi ancien que l’humanité, avec la découverte du feu et de l’élevage, avec la guerre et l’amour, avec la famille, l’éducation et l’art. Le corps de l’exposition est formé par une série de peintures sur porcelaine et d’autres œuvres sur le thème de ND de Paris. Des travaux sur toile complètent les céramiques en Raku, symbole du feu et de sa maîtrise. 

Yang Xiaomin

Yang Xiaomin, artiste planétaire, est membre éminent de l’Association des Artistes Chinois, rédacteur en chef de l’art Asia-Pacifique, directeur de la salle d’art de la presse universitaire de Nanjing. Il a présenté des expositions personnelles en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Afrique du Sud. Ses œuvres sont rassemblées dans des universités de renommée mondiale, telles que l’université de Cambridge, les ambassades de Chine à l’étranger, des galeries d’art et un nombre élevé d’institutions. Écrivain, il a publié romans et essais. 

Il a exposé à plusieurs reprises avec Bertrand Bellon, et partage avec lui l’esprit aigu du patrimoine de l’humanité. Avec un prodigieux sens du tragique épuré, il œuvre directement sur la tragédie Notre-Dame brûlée. D’un noir d’abîme, la cathédrale se fait demeure de cendres et de détresse, fragile bâtisse emportée dans les convulsions du drame, comme un corps saccagé d’humanité planétaire.

Calligraphie devenue brutale et sauvage, à l’unisson du drame. L’éclatante puissance incantatoire de ses somptueux noirs blancs, et tragique, brûle l’étendue, et quand Yang Xiaomin, veilleur de patrimoine, s’empare de la couleur, cauchemar et réalité sans fin s’étreignent. Exceptionnelle ouverture créatrice, de ses grandioses sombres dessins, superbes d’impact dépouillé.

Omniprésente et discrète, une minuscule coccinelle rouge, présente quasiment dans chaque œuvre, porte le poids infime de l’humour et de l’espoir vivant. Elle œuvre à la restauration, redresse la flèche blessée, et ne cesse de montrer l’exemple.

Bertrand Bellon

La peinture vécue, habitée et plurielle de Bertrand Bellon, est liée à son regard totalement ouvert et démultiplié sur les richesses naturelles du monde. Après avoir beaucoup enseigné, beaucoup écrit et beaucoup voyagé, Bertrand Bellon devient totalement peintre dans les années 80. La céramique est aussi son affaire. La nature, patrimoine fragile de la planète, est son territoire de création. Nature archaïque et contemporaine, toujours en effervescence, toujours en gestation, et toujours traversée d’élan vital. Archaïque parce que souterraine, implacable et convulsive, contemporaine parce que travaillée et transformée par l’homme. Artiste-artisan de la plus haute tenue, Bertrand Bellon ne cède jamais aux charmes fabriqués de l’hyper modernité… Et la trame enfouie et secrète de l’univers incante chacune de ses compositions.

Le premier atelier – 2017 – Acrylique sur toile – 92×65 cm

Si Notre Dame de Paris est le cœur blessé du patrimoine contemporain, le sens de l’humanité de Bertrand Bellon est sans frontière, et traverse toute époque, depuis l’étreinte du couple primordial… Ainsi les brûlures du drame se retrouvent sur les parois habitées de la préhistoire, et l’être d’avant les migrations parcourt sans fin les déserts. Dans les œuvres exposées à l’Espace Peugeot, outre ses peintures incandescentes et in temporelles, de superbes pièces de porcelaine sont totalement centrées sur notre Cathédrale, avec de sidérantes beautés graphiques et chromatiques. Elles font passerelles entres les siècles, de l’effigie de Victor Hugo jusqu’à l’immense flèche brisée.

A découvrir du 10 au 22 décembre 2019
Espace Christiane Peugeot – Paris 17ème