Déesse de la mythologie grecque, Némésis punissait les orgueilleux coupables de démesure et de déséquilibre et déclencheurs de la colère des dieux avec leur manque de sagesse et d’humilité. Elle prête son nom à l’exposition de Maxime Dufour, portfolio de photographies présenté au nouveau Centre d’Art Contemporain lillois, le 3Cinq.
Grippe porcine ou aviaire causées par le H1N2 ou autre H5N2 et H5N8, SARS-CoV-2, responsable du CODID19, autant de consonnes barbares entrecoupées de chiffres assassins, sigles inquiétants qui menacent notre santé, virus mortifères de notre société actuelle.
Dans le prolongement d’Utopia, le Musée d’Histoire Naturelle de Lille se prête une fois encore avec malice au jeu de l’humour et du hasard. L’Homme, dénudé, dépouillé, avec pour seule parure un masque chirurgical, taquine nos amis les bêtes, côtoie les espèces en voie de disparition ou défie le temps aux côtés de squelette de tyrannosaure, papillons épinglés, tatou ou autre crâne.
Arthur badine avec le mandrill, ce babouin d’Afrique de l’Ouest hélas voué à disparaître, tous deux conversant avec un naturel déconcertant sur un banc du musée, étonnants de vie et de présence. Le mandrill empaillé renvoie à son partenaire bâillonné d’un FFP2, son masque de clown triste avec un nez bleu bardé de rouge.
Le petit Jonas, ange blond et dodu, se love entre les pattes griffues du Roi Lion, tout en vulnérabilité, candeur et innocence, tandis que Gauthier, penseur intemporel, médite et réfléchit, yeux dans les orbites d’un crâne, à la manière de la scène du fossoyeur dans Hamlet.
Si les pandémies semblent provenir du monde animal, l’Homme, aujourd’hui doté de tous les atouts et outils garants de l’hygène, des soins ou de veille sanitaire, pourrait aisément les éviter. Son manque d’humilité et de respect à l’égard de l’animal et du végétal le condamnent à subir le courroux de Dame Nature. Maxime Dufour nous invite à nous interroger sur notre responsabilité face aux maux récurrents de nos sociétés contemporaines, pandémies, surconsommation, dérèglement climatique, disparition de masse des espèces animales, avec un humour décalé et un oeil amusé.
Jusqu’au 28 septembre 2022 – Centre d’Art Contemporain – Lille (59)
En Une : Mathieu Dufour – Jonas – Photographie
