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On en parle

Natalia Kruchkevych – Le chant de la vie

Christian Noorbergen, le 14 octobre 2022

Artiste fine et sensible venue d’Ukraine, Natalia Kruchkevych expose une trentaine d’œuvres à la Mairie du 6ème à Paris. Des paysages, des fleurs, des portraits.

“Dans les moments les plus sombres et les plus difficiles quand nous avons encore la guerre en Europe, il ne reste qu’à espérer pour la victoire. Je ne peins pas l’horreur de la guerre, que malheureusement, nous voyons de nos jours. Dans mes peintures, il y a de la vie et de la lumière, la nature dans sa beauté éternelle, et la mère avec un enfant. Et les fleurs fleuriront, comme ils disent que la vie continuera…”

L’eau d’azur – Huile sur toile – 2020 – 65×80 cm

Ainsi parle une artiste qui bouscule à vif l’inertie du réel. Chez elle, dans sa peinture-combat, le chaos veille et s’éveille. Elle efface les apparences et ne garde que l’envoûtement. Art d’étincelantes brûlures chromatiques, dans un univers tellurique d’où naissent avec avidité d’implacables tremblements d’existence. Un labyrinthe gestuel et sensuel s’empare du monde, comme un vitrail de chair, prodigieux talisman de signes sourds, éclairés et souverains, sur fond de nature première. L’écriture est cependant charnelle et enciellée, emplie toujours des lentes rêveries de la matière.

Silence – Huile sur toile – 2022 – 100×100 cm

Dans chaque paysage, Natalia Kruchkevych bouscule l’inertie du monde. Elle possède à fond l’art de la tache vive, rugueuse et emportée, qui accidente les surfaces. Les puissances venues du bas déchirent la toile, tandis que surgissent de toniques zones de clartés, sur fond d’opacité latente. Pure peintre, elle aime profondément une lumière venue de la matière même, tonique et vibrante, creusant sans fin l’intime et l’ailleurs, en passerelles d’art qui disent l’échange éternel du dehors et du dedans. Couleurs densifiées, quasi pulvérisées et toujours travaillées de l’intérieur. Quelques-unes, manifestement privilégiées, imposent une tonalité singulière, subtile et décalée, poétique et fragile, proche parfois de l’abstraction.

Innocence – Huile sur toile – 2022 – 54×65 cm

Création chaude, iconoclaste, exigeante et intransigeante. Et la chair vive, onctueuse, omniprésente et heureuse, incante sans fin l’étendue.

Jusqu’au 7 novembre 2022 – Galerie du Luxembourg –
Mairie – Paris 6ème

En Une : Mère – Huile sur toile – 2022 – 65×50 cm