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On en parle

Misha Sydorenko ou les fièvres de l’étendue

Christian Noorbergen, le 2 décembre 2019

Misha Sydorenko, hanté de pure peinture, s’étourdit de couleurs, de corps et de lumière. Il se nourrit de paysages sublimés, et peint des rêves de présence et de charnelle mémoire.  Il aime les clartés affolées et vibrantes. Celles de Bretagne, assourdies et sacrales, lui conviennent à merveille, avec des traces de cristal qui se noyent dans la matière. L’art de Misha Sydorenko sacralise la féerie des paysages, la magie des apparences et les grands nus d’absolue frontalité. Il a l’obsession de la demeure humaine et de la peau. 

Parfois proche, dans ses sources profondes de Vuillard ou de Bonnard, voire des Fauves, il se sent proche d’un impressionnisme incandescent, d’un romantisme mental latent, et d’un expressionnisme sensualisé. La peinture abstraite et lyrique, est proche, quand la picturalité de sa toile se dissocie du sujet peint, obsessionnel et chargé. De grandes plaques colorées se détachent, et l’œil voyage dans l’espace entier de la toile. Les couleurs, subjectives, vibrantes et libérées, vivent leur vie propre. Enfiévrées, elles s’abandonnent aux jouissances de leurs élans. Peinture lourde d’affect. Une effusion pâteuse et tressaillante, écrasée du dedans, magma de terre charnelle et de chaos diffus, sourd du profond de la toile, où s’engloutissent les apparences. 

Benodet – Huile sur toile – 100×73 cm

Misha Sydorenko peint la chair émouvante et la nudité toujours recommencée. Il peint la peau comme s’il peignait l’univers. Une fulgurante sensualité souterraine comme un parfum d’amour, étreint sa peinture…

Une érotique océane, en houle ralentie, envahit chaque figure, chaque posture, chaque présence corporelle sacralisée. Une trame d’opacité, nocturne et charnelle, densifie chaque œuvre. Les mouvements des corps sont agités de vie profonde, et leur sensualité retenue s’empare de l’espace vital pour vaincre à jamais les ténèbres et la mort. Les somptueux paysages peints de Misha Sydorenko sont des paysages travaillés par le temps, et recomposés à distance. Ainsi respirent ces somptueuses traces d’âme peinte, nées des grands flots d’une nature convulsive et généreuse, et traversés des vents de tous les lointains.

A découvrir du 10 décembre 2019 au 13 janvier 2020
Galerie de Bretagne – Quimper (29)