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On en parle

Misha Sydorenko – Les chants des vallons

Christian Noorbergen, le 8 juillet 2021

Dans la superbe demeure du Fonds culturel de l’Ermitage, Martine Boulard, responsable du lieu et des expositions, présente l’œuvre tonique et incandescente du jeune peintre ukrainien Misha Sydorenko.

Hanté de pure peinture, l’artiste, remarquable plasticien, s’étourdit de couleurs, de corps et de lumière. Il se nourrit de paysages sublimés. Il peint des rêves de chair et de vive mémoire.  Il aime les clartés assourdies, affolées et vibrantes. Il creuse sans fin l’intime et le charnel, quand les regards et l’étendue chargée disent l’éternel échange du dehors et du dedans.

La fontaine – Huile sur toile – 65×81 cm

Va-et-vient amoureux, imprégné et vital. Couleur travaillée de l’intérieur, densifiée, et quasi pulvérisée. Avec des traces de cristal en extension qui partent se noyer dans la matière. L’art de Misha Sydorenko sacralise la féerie des paysages, la magie des apparences et les grands nus d’absolue frontalité. Il a l’obsession de la demeure humaine et de la peau. L’impact humide de la femme s’illumine d’une douceur habitée, et la toile, comme inachevée et métamorphique, devient le poème immense, magique et secret, d’une vive présence partagée.

Allégorie de l’Automne – Huile sur toile – 130×81 cm

L’art pratique au profond l’acte de vie, et fait le bonheur du voir. Le dessin, chez lui, ne sert que la peinture. Le graphisme s’abandonne et s’efface au pur impact chromatique, omniprésent et envoûté. Le corps peint, implosé plutôt qu’explosé, imprègne toute sa matière picturale, quand l’artiste projette sur ses écrans de vie l’immensité éclatée de nos traces charnelles.

Diane – Huile sur toile – 40×30 cm

Chez lui, la femme et la peinture se confondent. Il sensualise à chaud tous les contours, la lumière étreint les surfaces, et la toile est toujours plus grande que le corps peint, qu’elle enveloppe et cerne. L’œil du regardeur est ainsi toujours vierge, ingénu, neuf, désirant, aventureux, et voyageur. Une effusion pâteuse et tressaillante, écrasée du dedans, magma de terre charnelle et de chaos diffus, sourd du profond de la toile, où s’engloutissent les apparences. Dans l’enfouissement d’une chair lointaine.

Jusqu’au 15 septembre 2021
L’Ermitage – Garches (92)