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On en parle

Marion Heilmann (1971-2019)

Christian Noorbergen, le 18 avril 2023

La Halle Saint-Pierre, haut lieu d’art de France, à Paris, capitale de l’art singulier et de l’art brut (mais pas seulement) expose les œuvres fortes et tendues de Marion Heilmann (alias Leonard Lamb), dans le grand hall d’entrée. De superbes grands formats et de non moins superbes infimes petits formats.

Disparue brutalement en 2019, à 47 ans, Marion Heilmann est une vraie grande artiste, “d’exception” écrit Jean-Claude Volot qui l’a exposée dans son fief d’Auberive, à l’Abbaye, où sa présence en 2020, dans un ensemble de haut niveau, a sidéré les visiteurs, dans 7 salles à elle consacrées….
Marion Heilmann prend le nom d’artiste de Léonard Lamb, un personnage de ses peintures. Elle partage son temps entre peinture et théâtre. A partir de 2016, elle n’expose qu’avec Alexandre Bakker, son compagnon. Elle a exposé à la casa de Velasquez, à la Galerie des Beaux-Arts (Paris), à la Chartreuse de Dijon (Itinéraires Singuliers), à l’Espace Beaurepaire, à l’Académie des Beaux-Arts et à la Ruche (Paris). 

Protect me – Encre et crayon sur papier marouflé sur bois – 2004 – Triptyque 72×180 cm

En création, Marion Heilmann s’engage à hauteur de son destin, et chaque œuvre est une fatalité. L’implacable tension vive et première des noirs et des blancs est son territoire, et la couleur son voyage sans limite en intériorité profonde.

Caute – Huile sur bois – 2006-2008 – 260×190 cm

Deux axes, dans sa peinture aux grands formats, se déploient et s’étreignent. L’innombrable alphabet d’une figure signifiante et la structure d’ensemble qui vivifie l’étendue. Impact effarant ! Et la chromatique, délicate, sensible et raffinée, propose insidieusement ses subtils impacts psychiques. En impressionnante densité.

Les figures déliées, infimes et plus que nombreuses, qu’elle donne à voir, saisissantes de précision, sont autant de signes vitaux qui la parcourent. Autant d’îles voyageuses. Autant d’instants privilégiés dans l’immense mouvante aventure de l’œuvre, en sublime dissémination.

Le Songe du roi – Aquarelle sur papier marouflé sur bois – 1998-1999 – 170×200 cm

L’étendue picturale s’organise autour d’un centre irradiant. Des échos d’être, en naissances d’univers, s’élancent vers les confins, stupéfiants d’impact. Oxygène mental illimité. Chaque œuvre est une éruption d’âme. Une fulgurance arrêtée au bord de l’impossible.

Sans fin le regard circule, happé à cœur par l’invraisemblable présence d’une œuvre à jamais unique.

Jusqu’au 30 avril 2023 – Halle Saint-Pierre – Hall d’entrée – Paris 18ème

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