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On en parle

Marc Perez – “Chemins d’errance”

Christian Noorbergen, le 23 juin 2023

A l’origine, Marc Perez peignait. Il peint toujours. Mais la sculpture a creusé d’autres sources, fouillé d’autres reliefs, et installé d’autres présences, quand la mort et la vie s’étreignent, quand la fragilité humaine s’abandonne au grand livre de l’univers.

On peut sculpter comme on peint, avec les jeux du hasard, en se jetant dans la matière, et ne pas trop penser aux attentes. Il faut aller loin“. dit ce peintre-sculpteur à vie, qui laisse vivre à vif sa matière, rude et fascinante, sans jamais la sacrifier à la forme. 

Pages après pages – 2022 – H30 cm

Ainsi, chez Perez, le dedans brûlant de la terre importe, terre archaïque où gisent parfois d’étranges forces et d’étranges ancêtres.  Et chaque sculpture, ténue ou monumentale, semble arrachée à la terre. L’art de Marc Perez respire ainsi à hauteur d’humanité, à belle distance de la trop fragile modernité.

L’histoire des hommes croule de choses détruites, de drames insensés et de livres brûlés. L’art de Marc Perez porte en lui cette histoire infinie traversée de désastres et de beautés. Dans ses sculptures, cette histoire-là existe. Par lui, elle sur-existe même, et les liens, les nœuds, les torsades, les ligatures, et les écrasements qui densifient chaque œuvre, disent les affres d’un temps qui fut terrible. “Son travail et ses textes rendent compte de la dualité de notre condition, attachés au sol et tournés vers l’infini de nos quêtes, qu’il traduit par l’étirement de ses sculptures entre la terre et le ciel.” écrit Laurence Pustetto.

Le jour d’après – 2022 – H86 cm

L’œuvre entière prend sa source dans les forces vives enfermées à jamais dans le magma mental, et la création est une tension sublime et somptueuse qui s’arrête au bord de l’impossible délivrance. Créer, c’est assumer l’intime enfermement sans le faire disparaître dans la douloureuse matrice identitaire. Ainsi les sculptures de Marc Perez s’enserrent de bandelettes qui font corps fusionné aux secrets du dedans, qui font corps tout court, tout en laissant place aux très virtuels voyages de l’âme. Elles contiennent ce qui ne peut être contenu, entre brûlure et lumière, entre blessure et rédemption. S’extraire de ses racines sans se couper d’elles“, dit-il. 

Tome III – 2022 – H60 cm

Si le bas des pièces créées, au socle vital et ténu, semble sans assise et précaire, une multiplicité de cordons ombilicaux relie le corps de l’œuvre, comme un flux vital, aux forces telluriques qui couvent au-dedans. Lenteur et fulgurance s’épaulent et se combattent. Des livres d’âme, archaïques et précieux, sont des armatures vitales. Ces créations-créatures sont les figures éphémères, inattendues et surgissantes, d’un ailleurs infiniment présent, et la sculpture éblouit l’étendue.

En Une : Ensemble 1 – 2021 – H110 cm

Jusqu’au 16 juillet 2023
Maison Galerie Laurence Pustetto – Libourne (33)