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On en parle

“L’œil du labyrinthe” -Vieira da Silva

Christian Noorbergen, le 3 octobre 2022

A l’occasion des trente ans de la disparition de cette immense artiste, l’exposition du Musée Cantini illustre l’importance de Vieira da Silva dans les hauteurs créatrices de l’abstraction.

Autoportrait

Première rétrospective d’une artiste femme du XXème siècle, dans le cadre de la saison France-Portugal… Le musée des Beaux-Arts de Dijon est associé étroitement à cette grande mémoire de l’art, en partenariat avec la galerie Jeanne Bucher Jaeger de Paris, et la Fondation Arpad Szenes.
Plus de 80 œuvres venues d’une constellation d’institutions, de la Fondation Gulbenkian, à Genève, au Centre Pompidou, illustrent en six sections les étapes clés de son parcours.

Son majestueux vocabulaire plastique, d’une fluidité d’univers, creuse continuum insondable et transparent hors de toute frontière spatiale et temporelle. Elle ne cesse d’inventer une fragile étendue de silence et de lumière, élaborant une architecture graphique à peine soumise aux lois de la pesanteur et aux trois dimensions. Le vide habité la fascine. Elle démultiplie sans fin l’étendue, et chaque toile est une tranche d’immensité.

Egypte – 1948

Elle invente une architecte de ciel où la terre n’existe plus qu’en traces allusives et discrètes. Personnalité culturelle majeure du XXème siècle, Vieira da Silva, musicienne des hautes sphères dans le véhicule du grand rêve, est l’une des artistes les plus importantes de l’histoire de l’art abstraction qu’elle allège de toute pesanteur et de tout effet de surface. 

La ville au bord de l’eau – 1947

Les azulejos, petits carrés de céramique du Portugal, son pays natal, oxygènent son écriture labyrinthique et parsèment une grande partie de son œuvre, îles infimes dans un continuum métamorphique aspiré par l’infini. Prodigieux damier ouvert sur les confins, quand l’espace tout entier respire. En surgit une peinture aérienne et quasi cosmique. Tout enfonce et tout renaît dans l’espace innombrable. 

Jusqu’au 6 novembre 2022 – Musée Cantini – Marseille (13)

En Une : La Scala ou les yeux – 1937