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On en parle

Les richesses de l’abstraction

Christian Noorbergen, le 4 juillet 2025

« Un été abstrait post-war »

En 2025, peu nombreux en France sont les artistes qui donnent encore à l’abstraction ses grandes lettres de noblesse. Quelques grands musées, quelques fondations, et quelques galeries audacieuses, comme la Galerie Faidherbe, jouent cependant le grand jeu de la disparition de la figure et de l’objet, au bénéfice de la plus haute abstraction picturale, et de la presque pure peinture. Les prises de risques sont devenues plus rares. Et pourtant, infinis sont les passages en pays d’abstraction…

Huguette Arthur Bertrand – Nœud d’orage – 1965 – Huile sur papier marouflé sur toile – 75×105 cm

Que disent, chez Turner, ces affrontements chromatiques fusionnels, déchirés et déchirants, qui opposent les éléments premiers qui créent le monde et les forces imaginantes ? Que disent, chez Van Gogh, chez Nolde, ces combats du ciel, de l’eau et de la terre ? Dans ces batailles au cœur de l’œuvre qui font l’art, dans ces tensions si terribles que l’homme a déserté l’espace, quel drame d’existence se joue à corps perdu ? 

Alfred Manessier – La butte – 1957 – Huile sur toile – 46×38 cm

Au début du siècle dernier, la mort des images est achevée, au moins pour les artistes en quête d’oxygène mental. L’art abstrait ouvre ses voies avec Kupka, Malevitch et Kandinsky. Mais l’abstraction de ces grands plasticiens marqués d’intellect, ne sera pas la seule voie de l’abstraction. L’abstraction expressionniste des grands Américains d’avant-guerre, puis l’abstraction lyrique et les abstraits contemporains gardent contact avec les profondeurs charnelles, comme la tache aveugle qui ferait vivre toute vision incarnée. Aujourd’hui, les toujours jeunes artistes de l’abstraction, comme Ludovic Dervillez, qui vient justement d’exposer chez Pierre Darras (Galerie Faidherbe) suivent les pas ouverts par les grands manitous du genre, visibles ici à Paris, d’Alechinsky à Bissière, de Lanskoy à Olivier Debré.

Schneider – Sans titre – 1971 – Acrylique sur papier marouflé sur toile – 50×65 cm

Sur les paysages du dehors se projettent les affres et les mystères du dedans, et le corps intime, implosé et virtuel, secret et inconnu, est l’arrière-monde sur lequel se déploient les mondes visibles. La tache libérée accidente l’étendue, et, libérée des contingences du réel, la chromatique vit sa vie sans limite. L’abstraction dit la salutaire prise de distance avec le monde saturé des fragiles images. Elle restaure le vif de la création libre.

En Une : Helman – Germination – 1969 – Huile sur toile – 96×123,5 cm

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