Les grandes sculptures de Hans Jorgensen sont des œuvres “chargées”.Installées en gravité dans une église à Rouen, comme à Bar-le-Duc il y a peu, elles font demeure du lieu. Elles convoquent les puissances archaïques qui travaillent en silence les énergies de l’univers. Elles s’emparent de l’âme cachée du bois et de l’arbre des origines qui vit, qui respire, et qui agit. Hans Jorgensen agence ces forces-là, il s’empare à la source de la vitalité de cette matière animée. Et le sculpteur travaille à vif cette chair-là, intemporelle, osseuse et fragile.
Hans Jorgensen franchit les interdits qui barrent l’accès au réel ancien et monstrueux de l’animalité humaine. Les barrages cèdent devant ces naissances maudites, emplies des éternelles obsessions du souterrain humain. Hans Jorgensen crée comme s’il ouvrait au scalpel les surfaces secrètes du corps, comme s’il arrachait la peau de toutes les sculptures du monde. Son art est magique, intemporel, et lourd d’exorcisme sacral.
Un chaos convulsif se cristallise en totems sidérants d’impact, ou en figures dédoublées, quasi gemellaires. Surgissent des existants en forme d’esquisses hallucinées, androgynes des origines, à l’indifférenciation hachée. Rudes figures décisives à la nudité crue. Elles saccagent, elles aussi, tous les attendus de l’art. Ça transgresse de partout, et les vitales jouissances rodent sans fin dans l’obscurité des fantasmes. Dans ce rituel à prodiges, frappant et ténébreux, des marionnettes cassées brutalisent nos certitudes.
Une mystique enfiévrée et médiévale rôde. Elle transforme chaque œuvre en brûlot formel exigeant, saisissant, et envoûté. On dirait la matière-bois brûlée de l’intérieur par un feu sacrificiel. L’art de Jorgensen, éloigné des séductions de la modernité, est rituel d’apparition, contre toutes les disparitions. Il assène, par face à face implacable, la singularité terrifiante du ressenti archaïque. Dans son immédiateté brutale, dans sa physiologie de l’impact visuel, il s’arrache aux pesanteurs esthétiques comme la vie de l’œuvre, fusionnée aux cruautés, s’arrache aux pesanteurs vitales. Ainsi vit la haute création.
Jusqu’au 14 mai 2023 – Eglise Saint Maclou – Rouen (76)
En Une : Gisant n°2 – 200×140 cm
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