< retour aux Articles
On en parle

Les êtres de haute présence d’Isabelle Malmezat

Christian Noorbergen, le 1 mars 2021

En vive humanité d’âme et de poussière, Isabelle Malmezat invente ses traces, ses transparences de corps, et ses fulgurances charnelles. Elle ne craint pas la nuit d’origine, ni l’aigu des cicatrices mentales, ni les sombres beautés répandues en flaques allusives et ténébreuses. 

Vagabondage – Technique mixte sur toile – 130×81 cm

D’une délicatesse nuageuse, chaotique, tragique et sombre, Isabelle Malmezat libère les enveloppes d’âme qui s’agitent au fond des espaces de la peau. Chaque blessure exorcisée, nécessaire et sublimée, détruit la limite de l’enfermement, et s’ouvre à l’altérité qui fait vivre. Les contours s’effilochent comme des cicatrices de vent, et des créatures sans assise flottent comme des algues de chair. Leur non-corps est une tache qui accidente et sauve l’étendue évidée. Exorcisme de la création.

En équilibre – Technique mixte sur toile

Les figures en esquisses d’Isabelle Malmezat, parfois proches d’une écriture sauvage de la défiguration ne viennent pas du dehors, mais du tréfonds d’un insondable mystérieusement habité.

Fragile – Technique mixte sur toile – 80×80 cm

Elles tressaillent dans la nuit. Etranges étrangers toujours en précarité, ces presque vivants sont toujours à ses côtés. En éternelle errance, ils s’abandonnent à l’infini de leurs manques. Leur état est lacunaire, infime et partiel. Êtres précaires sans mémoire, sans source, et sans structure, ils peuvent naître et renaître des milliers de fois. Ils sont cependant de très haute présence. Ils flottent sur leur détresse.

La longue route – Technique mixte sur toile – 89×130 cm

Traversant tous les lieux des grandes blessures du monde, ils sont sans lieu. Vierges de tout passé, ces êtres d’abandon n’ont pas la hantise de l’accomplissement. Ils surgissent en pure indestructible présence. 

En permanence – Galerie Laute – Rennes (35)