< retour aux Articles
On en parle

Les créateurs humainement “mauvais”, peuvent-ils faire de “bons” artistes ?

Nicole Esterolle, le 14 septembre 2023

Je crois que oui… et que toutes les créations sont nécessairement nourries des fragilités, obsessions et défaillances de tous ordres, psychologiques, sexuelles, morales de l’artiste,  que celui-ci s’emploie à transcender.

Mais je pense que ce “modèle” ne marche pas avec Claude Lévèque, Jan Favre et Otto Muel, dont les cas sont évoqués dans cet article de Roxano Azimi paru dans le monde du 30-08-23. Un texte opportun, très informatif et qui soulève une question de fond.

Ça ne marche pas, avec  ces trois artistes-là, parce qu’avec eux  l’abject n’est pas sublimé ou transfiguré, mais proposé à l’état natif comme création véritable… pour plaire à  un système dominant de reconnaissance, qui ne légitime que la subversion ou la transgression des lois éthiques autant qu’esthétiques parce qu’elles sont devenues  critères premiers du niveau de créativité artistique. 

Quoi de plus créatif et libérateur en effet pour les sbires ministériels que le “jeter de chats” de Jan Favre, le bain de sang dans les entrailles de bovins pour Otto Muehl et son compère Hermann Nitsch, et l’affichage permanent de Claude Lévèque avec un de ses “filleuls” ou l’étalage de ses pneus de tracteur à l’Opéra… ( Un conseil cependant : évitez de dire du mal de ce type d’ignominies, pour ne pas être renvoyer à l’extrême drouate ou  poursuivi par l’IDH, Observatoire de la liberté de création)

Notons que ce sont les mêmes arbitres des élégances, qui ont admiré ces atrocités en tant qu’actions libératrices et sociétalo-questionnatoires, qui, aujourd’hui, veulent défendre la présumée valeur intrinsinsèque de ces œuvres, quand justement ils sont incapables de voir que celles-ci n’ont ni contenu, ni qualité intérieure, mais qu’elles ne sont que l’excrétion putride immédiate du pervers toxique de leurs auteurs…Qu’elles ne sont que gesticulation grotesque et provocation morbides pour répondre  à la demande d’un système médiatico-bureaucratico-financier toujours plus vorace en torsion du sens et en violences symboliques, dépourvu de toute sensibilité artistique, de toute morale et de tout respect de soi… Pourvu que ça paie médiatiquement et, par là, financièrement.

Ce présent article du Monde compense donc un peu ceux parus dans le même journal, écrits par des pigistes zélés, pour vanter les vertus de chacun de ces trois artistes, et consolider leur cote sur le marché international juteux de l’inepte, de l’abject et du crapoteux.