Historien d’art, poète et biographe pluriel et inspiré (de Balthus à Séraphine, de Huysmans à Marguerite Duras), Alain Vircondelet vient de publier un livre étrange, savoureux et ouvert au grand public. Ni biographie au sens strict du terme, ni pure fiction romanesque, le livre, centré sur Gustav Klimt (1862-1918), prend “Le Baiser“, œuvre célébrissime et chef-d’œuvre absolu, comme fil conducteur mi-fantasmé, mi-érudit. L’omniprésence de la créativité érotisée de Klimt parcourt tout l’ouvrage, avec justice et justesse, sans voyeurisme aucun. Le voyage à Ravenne, et la découverte majeure pour Klimt des mosaïques byzantines est parfaitement montré.
Très lyrique, le style de l’auteur permet au lecteur de s’immerger à chaud dans les profondeurs de la société viennoise de l’époque et de prendre connaissance des aspects complexes de la vie sociale de Klimt, génie transgressif attachant et scabreux, à l’origine décorateur. Les grands noms qui font la réputation d’une Vienne à la fois audacieuse, prude et déclinante, sont souvent cités, d’Otto Wagner à Mahler, d’Egon Schiele à Kokoschka.
Mais plus encore que ces noms de passage, et même davantage que le tableau de référence, c’est sans doute l’extraordinaire personnage d’Émilie Flöge, présente tout au long de ce livre court et percutant, qui éclaire la vie de l’artiste. À la fois proche et lointaine, complaisante et sacrale, Émilie Flöge est l’égérie absolue de Klimt dans le grand voyage partagé de la vie.
“De l’or dans la nuit de Vienne“
Auteur : Alain Vircondelet
128 pages – 12,90 €
Editions HD ateliers Henry Dougier
