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On en parle

Le roman d’un chef d’oeuvre

Christian Noorbergen, le 9 décembre 2021

Les Ateliers Henry Dougier, étonnante petite et belle maison d’édition créée en 2014, viennent d’inventer une singulière collection centrée sur l’art mêlant fiction et réalité historique, et ce, autour d’une œuvre majeure d’un grande de la création. Après Manet, Klimt et Hopper, tout naturellement, Georgia O’Keeffe concrétise le quatrième volet de ce voyage en intériorité artistique. Géricault, Gauguin et Van Gogh prennent le relais.

La fiction, ici, repose essentiellement sur une base historique quasi scientifique, nourrie de textes, de lettres et d’éléments biographiques parfaitement intégrés, art et intimité vécue remarquablement reliés. L’auteure, Catherine Guennec, a l’expérience d’un excellent Hopper publié dans la même collection, et d’une vingtaine de romans et de dictionnaires érudits sur notre bonne vieille langue française. Voyageuse, libre, inventive, amoureuse, grande artiste encore méconnue en Europe malgré la récente grande exposition au Centre Pompidou, Georgia O’Keeffe irradie de forte présence dans chaque page. Au centre du livre, comme un leitmotiv lancinant, un tableau troublant unit le désert et la mort, l’immensité du ciel et l’intense fleur de chair qui hante l’œuvre entière de l’artiste. Chez elle, la nudité, partout projetée, va s’emparer des montagnes, des vallées et des fleurs, surtout des fleurs, qui surgissent frontalement, en gros plan. Elle les peint influencée par le gigantisme urbain environnant. Et les paysages peints du Nouveau-Mexique exaltent l’Éros charnel des plis devenus osés de l’univers…

Sous le ciel immense
Auteur Catherine Guennec
Edition Ateliers Henry Dougier – 124 pages
12,90 €