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On en parle

Le monde fantastique de Pierre Sgamma

Chantal Vérin, le 12 novembre 2019

« Hâte-toi de transmettreTa part de merveilleux De rébellion de bienfaisance », ainsi s’exprimait le poète René Char, natif d’Isle-sur-la-Sorgue. Le Centre d’Art Campredon, en sa belle demeure du XVIIIème siècle, montre actuellement le monde fantasque de l’artiste Pierre Sgamma, né à Alger et résident Islois.

Un père légionnaire, un grand-père voyageur, une grand-mère médium qui tirait les cartes. L’univers de l’artiste, étrange et énigmatique, se nourrit de différentes cultures et croyances hétéroclites.

Sans titre

Le titre de l’exposition « Adsum », “je suis présent” en latin, semble vouloir affirmer la fragile présence de cet homme réservé, qui parle avec parcimonie de son travail. « Je me moque de moi », dit-il. Les croquis préparatoires très fouillés, les figurines en céramique, en bronze, les peintures, assemblages et installations animalières, drolatiques, reflèteraient bien des interrogations, peurs, émotions et la bêtise des idées reçues.

Sans titre

Pierre Sgamma s’essaie à toutes les techniques, l’apparente simplicité du modelage de l’argile, la difficile alchimie de l’émaillage, l’usage contraignant du bronze d’art. Il crée des animaux « taxidermés », en réalité de bois et de polystyrène, de plumes et de poils synthétiques.

Mythes et légendes, poésie et métaphores, s’entremêlent. Des symboles se répètent, cercle, croix, masque, cœur, crâne, sacré et magie, religieux et païen… Le masque permet d’oser ridiculiser, le crâne récurrent dans les vanités exhorte à l’humilité, les biches, les lapins facétieux, les papillons et bien sûr le loup, renvoient au monde de l’enfance, à son insouciance et à l’inconscient cher à la psychanalyse.

Les loups

Pierre Sgamma est un artiste-artisan qui joue sur différents registres, provoque, tout comme la biche qui mord un cœur ensanglanté, aux détails anatomiques rouge vif, ou le loup, pas si épouvantable, juste assez pour parler de l’animalité de l’humain…. Puissance des instincts et de la liberté.

Une salle à l’étage est réservée à l’artiste invitée, Noëlle Degransaigne, pour l’exposition « Un certain regard ». Issue du monde de l’audiovisuel, cinéma et publicité, elle réalise des boîtes magiques inspirées des films noirs américains. Décors minutieux, à partir d’objets divers récupérés, morceaux de tissu, écorces, bouts de verre, où évoluent de petits personnages en glaise. Féérique !

Jusqu’au 16 février 2020
Centre d’art Campredon – L’Isle-sur-la-Sorgue (84) – www.campredoncentredart.com