Fin 2017, une quinzaine d’artistes français et belges, et non des moindres, de Serge Labégorre à Marc Petit, exposaient à Kaunas, en Lituanie, dans le beau musée consacré à Ciurlionis, dont on a vu récemment les œuvres à Orsay (“Âmes sauvages. Le Symbolisme dans les pays baltes“). Formidable accueil de tout un pays, médiatisation exceptionnelle, et admirable du public. Libérée de la domination soviétique, et d’une formidable santé artistique, la Lituanie a soif d’ouverture et ses artistes n’ont rien à envier aux pointures occidentales qu’elle connaît et apprécie grandement.
L’exposition des artistes contemporains lituaniens, qui fête le centenaire des relations franco-lituaniennes, a lieu au cœur de Paris, à l’Espace Commines, qui a connu les beaux jours du Salon de Mai. Une quinzaine de peintres, de sculpteurs et de photographes venus de tout le pays.
Vytenis LINGYS – 2015 – Garden Gates
Difficile de tous les citer, mais un catalogue sera disponible. Vytenis Lingys, qui vit au bord d’un lac en pleine nature sylvestre, est une merveille de subtilité graphique, aérée, inventive aventureuse, et d’une grande fluidité. Un Cy Twombly, plus charnel et plus doux, pourrait être sa source première. Vidmantas Jusionis fouille une étrange humano-animalité, audacieuse et tendue, décalée et transgressive, à la chromatique brûlante et solaire. La figure, hors-scène et tranchée, accidente joliment l’étendue. Erotique duo incandescent…
Vidmantas JUSIONIS – 2008. – Portrait of the unknown – 110×160 cm
Ruta Jusionyte, qui vit à Paris, est peintre et sculpteur. Elle expose dans les deux pays. Elle sait travailler la terre, sa terre en elle travaille, comme l’ancestrale culture des côtes baltes. Ces êtres indicibles, poignants et soignants, respirent nos blessures et nos silences. Ils ont des failles, des déchirures, des transparences, des fissures, et surtout des coulées de ciel. Alchimie ténue de la plus dure présence et de la beauté cruelle.
Ruta JUSIONYTE – La fille et le lapin dans la barque
Enfin Andrius Zakarauskas et Sarunas Sauka, et quelques autres présentés à Paris, sont des maîtres.
Nomeda SAUKIENE – 2015 – Révélation
Tous les registres de la création sont présents, dans une extrême ouverture esthétique, du corps au paysage, de l’infime à l’outrance, et du grotesque au sublime. Au lieu de s’inscrire dans un modèle identitaire, collectif, sommaire et supposé parfait, chaque artiste invente sa propre langue et ses propres effets d’art. L’art sert de nourriture crue aux faims essentielles, celles qui donnent envie de mordre dans les chairs de l’univers, et qui donnent à chaque être sa propre respiration.
Patricija JURKAITYTE
Merci aux artistes lituaniens de leur vitale authenticité. Magnifiques découvertes…
A découvrir du 7 au 14 décembre 2019 Espace Commines – Paris 3ème
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