< retour aux Articles
On en parle

L’art au coeur de la nature !

Chantal Vérin, le 15 juillet 2020

Le Parc de Sculptures du Musée Saint-Roch à Issoudun

Une immense statue en bois, 3,75 m de haut, trône dans le hall du Musée de L’Hospice Saint-Roch à Issoudun. « L’Homme » d’Anton Pinner, remarquable sculpture, accueille à bras ouverts le public, et l’invite à une belle balade dans le Parc des Sculptures nouvellement aménagé, et dans les deux expositions consacrées à la sculpture.

La résonance entre les œuvres présentées à l’intérieur et à l’extérieur est l’axe de travail principal, en relation avec le fonds du musée, souligne le conservateur Patrice Moreau. Et grande fierté de conserver jusqu’en 2021 l’œuvre majeure de cette artiste-graveure à l’identité masculine, que Picasso appréciait.

Le Parc est conçu comme une extension à ciel ouvert du Musée, directement accessible depuis l’aile contemporaine. La configuration parcellaire, héritée du Jardin de Simples de Hôtel-Dieu a été respectée, une allée mène à la terrasse au bord de l’eau avec vue sur les bâtiments de l’ancien hospice. Un figuier et un chêne rappellent les exceptionnels Arbres de Jessé (fin du XVe-début du XVIe) situés dans la Chapelle. 27 sculptures de 18 artistes des XXe et XXIe siècles, avec un solide noyau lié aux artistes de la collection, comme Brigitte Terziev et ses Veilleurs. Le Musée a bénéficié de dépôts de plusieurs institutions et de prêts temporaires, avec renouvellement, tous les trimestres, de la présentation.

Bronzes méconnus de Max Ernst, César, (superbe pièce ancienne), André Masson, ainsi que le « Totem » de Joana Müller. Béton brut avec la « Tortue démolie » de Jean Amado, et métal avec Odile Mir… Certains éléments s’imposent dans un jardin : la grande Table en bois massif de Martin Szekely, le fauteuil en inox de Vincent Batbedat, la grande Fleur en marbre de Maria Papa, l’immense et monumentale structure solaire en bois et inox créée in situ par Vincent Mauger ou encore l’œuvre sonore, subtile et poétique de Cécile Le Talec. La plasticienne Mâkhi Xenakis a disposé en cercle 5 figures filiformes “familiales“ en ciment armé teinté, dont elle-même, sa mère, son père en cyclope, tournant le dos à Louise Bourgeois, formidable amie de l’artiste sur qui Mâkhi a écrit un livre. Autant d’éléments autobiographiques…

Huit artistes exposant dans le Parc sont invités à présenter leurs travaux récents, rendant compte de la diversité de leur création, dans l’exposition intitulée « Dehors-dedans, inédits d’atelier ». Figures de Brigitte Terziev, collages d’Odile Mir, vidéo d’un paysage graphique de Vincent Maurer, variations sonores de Cécile Le Talec. L’installation/sculptures de Mâkhi Xenakis, dans la salle des femmes de l’ancien hospice « Les Folles d’enfer », rend hommage aux aliénées de la Salpêtrière. En bruit de fond, les paroles et suppliques de ces femmes enfermées là depuis Louis XIV jusqu’à Charcot. Indicible univers carcéral.

L’ensemble du musée, ses riches collections, telles les donations Fred Deux et Léonor Fini, et le Parc de sculptures, sont ouverts gratuitement au public.

A découvrir jusqu’au 30 décembre 2020
Musée Saint-Roch – Issoudun (36)

Le parcours photographique à ciel ouvert de l’Abbaye Royale de l’Epau

Le très beau gisant de la reine Bérengère de Navarre, veuve de Richard Cœur de Lion, repose dans la salle capitulaire. Il rappelle les riches heures de l’Abbaye Notre-Dame de la Pitié-Dieu, dite Abbaye de l’Epau, proche du Mans. Le gisant porte la couronne, signe distinctif d’une reine, une aumônière, symbole de générosité, un chien et un lion accroupis illustrant la fidélité, le courage et l’ardeur au combat.

L’édifice cistercien, d’une majestueuse sobriété, a survécu aux affres de la Guerre de Cent Ans, à la Révolution, à l’occupation allemande… La vie religieuse s’est éteinte, dès le XVIIIème siècle, remplacée par des activités profanes : blanchisserie, hangars agricoles. Puis triste abandon jusqu’en 1959, date du rachat par le Conseil général de la Sarthe, qui procèdera aux travaux de restauration et au classement au titre des Monuments Historiques.

Ce grandiose site patrimonial accueille, outre les séances de l’Assemblée départementale, une riche programmation culturelle. Art, concert, photographie, rendez-vous citoyens, et animations ludiques.

Le parcours photographique de la saison 2020, à ciel ouvert dans 5 lieux de la région, montre le travail de 8 photographes sur le thème de « l’itinérance ». Les approches du thème sont ouvertes, dépaysantes, troublantes ou insolites.

Erik Johansson

Cinq artistes occupent le parc. Erik Johansson, le Suédois, imagine un voyage aux limites du réel. Fausto Podavani nous entraîne dans la mythique vallée de l’Omo, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, en Ethiopie. Mais pour dépeindre les ravages du développement industriel dans une population autochtone aux traditions paysannes. Nyani Quarmyne, d’origine ghanéenne, photographie au Ghana un village côtier à demi-englouti par les sables où errent encore quelques âmes. Drames du changement climatique. Citons encore Bruno Lasnier et le monde des icebergs, et Emmanuel Sauvaitre (voir dossier, ndlr).

Nyani Quarmyne

La mise en culture d’une partie du site, d’après le tracé historique, l’implantation de ruches, l’éco-pâturage, la création d’un verger conservatoire et d’un remarquable jardin « permacole », sont autant de références à la règle de vie des moines cisterciens. Les parcelles cultivées du jardin, organisées autour d’une mare, reprennent la forme d’une rosace. Le concept médiéval est respecté dans les moindres détails.

A découvrir jusqu’au 1er novembre 2020
Abbaye Royale de l’Epau – Yvré-l’Evêque (72)