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On en parle

La vie est un film !

Christian Noorbergen, le 30 septembre 2020

Titre d’une œuvre présentée, un prodigieux diptyque, et clin d’œil amical à un festival du film britannique, “La vie est un film“ montre des créations de Michel Kirch, ce maître de la photographie contemporaine, primé dans le monde entier.

Devant soi

Chaque œuvre existe à différents niveaux de lecture, navigue entre réalité et fiction, dans une scénographie qui bascule entre décor naturel ou rêvé, irréalité saisissante, fantasme aigu ou regard ouvert sur la condition humaine. “Je cherche d’abord l’énigme qui est en moi-même“ dit Michel Kirch, formidable photographe plasticien et veilleur-éveilleur étonnant.

Ses lueurs d’outre monde sont des passerelles d’âme, comme s’il s’agissait de traverser l’opacité mondaine pour rendre enfin la vie habitable. Un être-spectateur assiste fasciné aux éveils du monde. “Je suis dans une dualité permanente, dans la dialectique du moi et du monde, de la technologie et de la nature, de l’explicable et de l’inexplicable, du visible et de l’invisible, du négatif et du positif“ dit-il encore.

Déambulation

Chez Michel Kirch, grand voyageur du dedans et du dehors, la puissance occidentale en prend un sacré coup. D’une part, il ne la montre jamais, et d’autre part, il sacralise au contraire l’homme seul face à l’infini de l’Univers. Comme si son art était une leçon de nudité, de dépouillement, et sans doute aussi de spiritualité… Quand l’occident impose au monde sa triomphante rationalité, ce trop rare veille au grain, préservant le monde de l’oubli des mystères et de l’émerveillement.

Quand je ferme les yeux

Michel Kirch s’abandonne aux lointains, aux élémentaires, et à fabuleuse la stupeur d’exister. Son art “ouvert“ s’ouvre au voyage, au désert, à l’extase et à l’ascèse. Ce gardien d’immensité pratique le jeu enivrant des extrêmes. On voit ainsi des ténèbres foudroyées de clartés, de durs chaos apaiser une présence esseulée, ou de formidables falaises sculptées par des coulées de nuit.

Il aime les pierres travaillées par le temps, les nappes de sables anciens, l’aridité des gris dénudés, et les territoires d’inquiétude. Il regarde l’eau la plus sombre pour avoir l’âge de la mer. La blancheur hivernale et les reliefs glacés conviennent à ses humeurs. Il aime les matières minérales très denses, impénétrables, et profondément nocturnes. Un très grand créateur est à l’œuvre.

Klein traume 2

Michel Kirch “Titre d’une œuvre“
Galerie Saphir – Jusqu’au 30 octobre – Dinard (35)
www.michelkirch.com