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On en parle

La déchirure du temps

Gersende Petoux, le 22 novembre 2024

La région Hauts-de-France est un vaste cabinet de curiosités, riche de vestiges patrimoniaux, de musées et autres lieux insolites consacrés à l’art et à la culture. Si Paris vaut bien une messe (et une cathédrale parée d’une nouvelle splendeur), la ville de Saint-Amand-les-eaux, située à une demi-heure à peine de Lille, vaut bien une visite ! Trésor architectural aux atours de baroque flamboyant, la Tour abbatiale abrite à la fois le musée de la ville et un espace dévolu aux expositions temporaires.
Après l’enfant du pays Auguste Herbin, le rez-de-chaussée de la Tour accueille « La déchirure du temps », une invitation au voyage au travers de plus de mille ans d’Histoire, proposée par Martin Loume au cœur d’affiches décollées et lacérées.

Vue d’ensemble – ©Gersende Petoux

Pour cet artiste proche des affichistes lacérateurs, dont l’immense Villéglé à la fois maître spirituel et ami, « [son] pinceau, c’est l’affiche ! ». Sociologue et analyste de son temps, il nous offre ici une rétrospective de ses œuvres glanées sur la peau des murs, balayant avec fluidité cinq chapitres aux problématiques aussi variées que l’art, la politique, les problèmes environnementaux, sans oublier bien sûr de rendre hommage à la ville elle-même et quelques-unes de ses figures emblématiques, du moine Amand, fondateur de la ville, à Louise de Bettignies, résistante et femme d’honneur célébrée également à Lille.

L’abbaye et la reine Suzanne – 81×117 cm – Chapitre 1 : Il était une fois Saint-Amand » – ©Maxime Dufour

Le dernier volet de l’exposition met à l’honneur « La déchirure pour la déchirure », montrant l’évolution de l’œuvre de Martin Loume au fil du temps vers un travail de composition, de construction, de création, tout en énergie et sensations. Superposer, arracher, lacérer, coller, trancher à vif dans l’épaisseur de la matière picturale, ce sont toutes ces étapes qui ont particulièrement inspiré l’artiste Homahé pour animer visites et ateliers pour petits et plus grands. Victime de son succès et de l’engouement du public pour cette exposition et la lacération, St Amand-les-eaux attend sur cette saison quelques 400 scolaires autour de moments ré-créatifs et compte déjà un millier de visiteurs. Des temps forts et joyeux ponctuent le calendrier de cette ville aussi chaleureuse que dynamique pour accueillir un public élargi. Quant à nos artistes en herbe, prêts à dépasser le maître si ce n’est déjà fait, une restitution sera présentée en janvier prochain et nous ne manquerons pas de vous en reparler !

Photo d’atelier – ©Homahé

Fruit d’une collaboration heureuse et amicale plusieurs mois durant, cette exposition partenaire d’ARALYA fut pour moi l’occasion de rédiger les textes du catalogue, édité par la ville et superbement mis en page par son équipe de graphistes. Variations autour d’anecdotes retraçant le choix et l’exécution des œuvres, il se veut un bel objet mais aussi un outil pratique où les petits visiteurs ne sont pas en reste ! À noter également qu’une superbe affiche désannonce également l’évènement, détournant avec brio le portrait de l’artiste réalisé par le photographe Olivier Avez (souvenez-vous de son ouvrage publié récemment, « Regards d’artistes »). L’art n’est-il pas une affaire de famille ? Les fêtes de fin d’année approchant à grands pas, découvrez sans tarder plus de 1000 ans d’Histoire en affiches lacérées ! Et notez sur vos agendas le marché de Noël des 14 et 15 décembre qui offrira aux amandinois, de passage ou de naissance, l’opportunité de franchir le superbe pont fraîchement restauré dans le cadre de la Renaissance du parvis de la Tour, une occasion unique de découvrir l’exposition par le grand portail.

 Vue générale de l’exposition – Chapitre 5 : « La déchirure pour la déchirure » – ©Gersende Petoux

Jusqu’au 22 décembre 2024
La Tour Abbatiale de Saint Amand-les-Eaux (59)

En Une : Affiche de l’exposition au pied de la tour – ©Gersende Petoux