La sculpture est la plus ancienne des langues de l’humanité, et sa rareté la protège des faiblesses du temps et des ordinaires contingences. Les sculptures très humaines de Pierre Yermia, profondément enracinées, se dressent sur leurs membres étirés et s’élèvent en lents mouvements qui défient les lois de la pesanteur. Elles n’agressent jamais l’étendue, elles l’accompagnent.
Les rapports de proportion sont primordiaux, les formes s’étirent en un rythme lent qui rejoint les élans profonds de l’univers. Les membres s’affinent jusqu’à l’extrême, et, réduites à l’essentiel, les têtes fragiles prolongent de longs cous effilés, quand ces allures verticales, chargées d’élan, se dégagent de la pesanteur terrestre. Si la verticalité domine chez Pierre Yermia, dans ses denses et très fines sculptures d’énergie totémique, voire sacrale, le sculpteur crée parfois des figures allongées qui gardent contact avec le sol, comme des piles d’énergies qui relieraient de l’intérieur les forces chtoniennes de la terre aux portes du ciel. Comme des corps-autels vulnérables et précaires. Ces sculptures intemporelles, sinon subtilement archaïques, témoignent d’une éblouissante fluidité.
Outre les œuvres de Pierre Yermia, l’exposition de la galerie de l’Europe montre également, en beau duo complémentaire, les peintures éclairées de Pierre Jeantet, présent dans les murs pour la cinquième année consécutive ! Ses œuvres respirent royalement dans une plénitude évidée où les signes graphiques allusifs et elliptiques inventent une calligraphie abstraite d’une haute sensibilité.
Jusqu’au 28 juin 2025
Galerie de l’Europe – Paris 6ème
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