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On en parle

Jean-Gilles Badaire

Christian Noorbergen, le 5 février 2024

“La mort n’en saura rien”

De très belles plumes ont écrit sur Jean-Gilles Badaire, récemment disparu, de Bernard Noël à Yves Peyré ! Ces beaux livres laissent de belles traces… À côté de ses propres ouvrages, de ses dessins et de ses toiles, Jean-Gilles Badaire a ouvert d’autres voies avec ses carnets de peintures à la respiration quasi quotidienne, où il prend note d’une solitude artisanale toujours attentive aux autres créateurs, et avec ses carnets de voyage, où il découvre le monde par les fissures du réel. Car cet homme pudique et multiple a beaucoup voyagé, en Afrique principalement, et surtout au Mali.

Jean-Gilles Badaire – Artaud – 2021 – Technique mixte sur toile – 116×89 cm

Son œuvre tout entière est scansion d’un temps indéfini, celui des rencontres, des instants d’atelier et des voyages. “Peinture nomade”, comme l’écrit Jean-Dominique Burtin.

Cet homme sans ego de surface ni frontière mentale aborde tous les formats, qu’ils soient monumentaux pour les demeures historiques (comme Chambord ou les Douves d’Onzain) et les grands espaces extérieurs, ou réduits, pour ses carnets, à la dimension furtive d’une simple page.

Jean-Gilles Badaire – La femme – 2022 – Technique mixte sur toile – 100×100 cm

De même, Jean-Gilles Badaire, au-delà du sujet, affronte tous les matériaux disponibles en matière d’art, et de préférence les plus pauvres, les plus bruts ou les plus abandonnés, de l’huile de vidange à la cendre, en passant par le foin ! Mais par-dessus tout, le végétal est peut-être son territoire de prédilection, comme objet ou comme sujet de création. Il n’en rajoute jamais, et la ténuité est son affaire : “Je gratte une boursouflure de couleur, j’estompe de l’index le peu d’épaisseur du trait“. Avec parfois quelques chocs miraculeux : “je découvre l’argenté, je m’y vautre”. 

Jean-Gilles Badaire – L’éveil – 2022 – Technique mixte sur toile – 100×81 cm

Jean-Gilles Badaire, très présent dans la Galerie Capazza, n’aime pas les effets de surface, et son art retenu et contemplatif exige une secrète attention, celle des dedans de la peinture. En infinie richesse précaire, toujours aux confins du sensible…

Jusqu’au 17 mars 2024
Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier – Orléans (45)

En Une : Jean-Gilles Badaire – Saint Thibault, Saint Satur 1956 – 2020 – Technique mixte sur toile – 65×50 cm