La Capitale Galerie expose à Paris, pour quelques jours encore, les sculptures et les dessins d’un des grands artistes de notre temps, Jean Anguera.
Ses denses et fines sculptures accumulent du temps. Elles sont du temps condensé, du temps-matière. Des strates se surajoutent les unes aux autres, des strates de matière et de temps, avec des entailles et des cicatrices. Œuvre en escalier. Œuvre et temps s’étreignent. Les sensations vécues du dedans, comme des nappes concentrées de géologie mentale, montent en couches successives. On dirait qu’elles partent du sol. C’est leur manière d’être dans la réalité. Dans leur réalité. Dans leur autonomie, comme une île d’univers vivant. Cette pesée sur le sol crée de la pesanteur, donne assise à la liberté créatrice, et du poids et de l’épaisseur à l’œuvre tout entière.
La sculpture de Jean Anguera est mémoire de matière, et magistrale sculpture d’élévation. Elle verticalise. Elle perce la couche des strates qui la composent. Elle propose une silencieuse et minérale retenue du souffle vital. Sombre et dense présence qui arrête le temps et marque l’étendue. Et tout advient : les directions de l’espace, la nature masculine ou féminine de l’œuvre, ses dimensions, son aura de pure présence.
Primauté du féminin archaïque : les divinités de la terre étaient féminines… Un mouvement d’immensité, venu de l’espace entier, s’est contenu une fois pour toutes, pour faire d’une sculpture une formidable étendue arrêtée. Anguera n’agresse jamais l’espace, il l’incante.
Ses dessins, d’une impressionnante finesse, désignent une nature décantée, archaïque et évidée : collines divinisées, plaines ondulantes et sacrales, taches éparses et vibrantes.
Jusqu’au 24 mai 2025
La Capitale Galerie – Paris 1er
En Une : Le paysage en l’homme VI – Terre cuite – 2023 – 34x165x185 cm – ©Photo La Capitale Galerie