Il est un lieu pratiquement anonyme qui porte en lui la création artistique d’aujourd’hui. Il y règne une belle atmosphère de sérénité, de partage, de plaisir. Ce lieu c’est la Scof – une cité d’artistes – située à Grigny au Sud de Lyon. Lorsqu’on pénètre dans cet ancien « frigo » (le lieu a abrité il y a plusieurs années une faïencerie et ensuite une fromagerie ndlr ), on est immédiatement emporté par l’ambiance.
Chaque année sous la « Direction artistique » de Jean-Marc Paubel, des artistes se retrouvent et échangent autour d’un thème proposé par l’artiste. Cette année, Jean-Marc a réuni autour de son projet Barbara et Marie Lerch, Marie France Chevalier, Vincent Bebert, Théodora Vourvouri, le Groupe Volatile et Elsa Gurrieri. De longs mois de travail en commun et/ou en solitaire, de longs mois de partage, de confrontation ont donné naissance à l’exposition « À nos montagnes partagées ».Une exposition hors norme, originale, puissante.
Chaque mètre carré est exploité avec intelligence. La scénographie exceptionnelle, digne des plus grands centres d’art, emporte le visiteur dans cette narration collective autour de la montagne ! « A nos montagnes partagées… Partager entre artistes une expérience de la montagne, intime, multiple et croisée… » nous dit Jean-Marc Paubel.
On assiste à ce dialogue visuel entre ces artistes, un moment suspendu dans l’intimité du lieu où chaque pièce artistique trouve sa place dans une unité de temps et d’espace unique. Peintures, dessins, sculptures, installations, vidéo tissent un lien entre le territoire et l’imaginaire.
Notre oeil passe des « Montagnes cousues », rencontre entre les dessins de Barbara Lerch et la broderie de Marie Lerch, d’une subtilité, d’une finesse, d’une rare poésie, au paravent d’Elsa Gurrieri avec sa réflexion sur le temps, les saisons.
Les « cailloux » de Théodora Vourvouri, comme ceux du Petit Poucet guident nos pas vers des trésors intérieurs et extérieurs, vers cette montagne qu’il faut ou non franchir.
Et puis on plonge dans les paysages de Marie-France Chevalier et de Vincent Bebert. Avec eux on foule les sentiers verdoyants, on caresse les herbes folles, on s’évade, on respire !
Et là arrive « La Montagne Soledad » un dialogue entre image, musique et texte, dans lequel chaque médium se répond. Sur les paroles de la chanson « Retirade » écrite par Cyril Poizat et Pierre Calavera (Groupe de slam Volatile), Jean-Marc Paubel a laissé « divaguer » son pinceau. La montagne comme refuge, comme passage, comme transhumance, comme migration…. Silence ! On est transporté!
Deux week-end c’est trop peu pour savourer ce travail gigantesque, cette richesse créatrice. Oui c’est cela l’art d’aujourd’hui. Des artistes passionnés qui capturent avec poésie sur la toile, le papier… des fragments de leur imaginaire et de leur réflexion intime.
Cette exposition mérite d’être « exportée » dans de nombreux lieux, elle ne peut pas rester dans la pseudo confidentialité du « frigo ». A bon entendeur !
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