De Paris à Beauvais…
Le Centre Pompidou ferme ses portes pour rénovation complète et ne rouvrira que dans cinq ans… Mais la programmation ne s’arrête pas et va prendre de nouvelles formes en se délocalisant et toucher d’autres publics. Consacré aux expérimentations artistiques novatrices, l’une des manifestations-phares, le festival Hors-Pistes, qui se déroule chaque année depuis vingt ans dans les murs parisiens, prend le large et devient Hors-Pistes/Hors-Champs, en collaboration avec le Centre d’Art de Beauvais.
Situé en plein cœur de la ville, ancienne galerie de la tapisserie transformée en centre d’art, le “Quadrilatère”, imaginé en 1976 par l’architecte André Hermant, a été entièrement réhabilité. L’esthétique de “White Cube“, selon les mots de la directrice Lucy Hofbauer, son horizontalité affirmée en contrepoint de la verticalité de l’imposante cathédrale gothique voisine, et la mise en valeur des vestiges gallo-romains, tout cela répond au souhait d’André Hermant d’inclure l’art contemporain et l’archéologie dans un même lieu.
Après deux années de travaux, le Centre rouvre et accueille la première édition hors-les-murs de l’événement parisien délocalisé. L’exposition-hommage inaugurale, “Écrire l’espace”, met en regard les écrits théoriques et les dessins de l’architecte (1908-1978) avec des œuvres créées in situ par deux artistes contemporaines.
Cécile Bart, dans ses « Peintures-écrans », emploie un voile Tergal « plein jour » comme support pour la peinture. Elle obtient un écran aux multiples combinaisons chromatiques, tendu verticalement et transparent à l’espace environnant.
Stéphanie Mansy revisite poétiquement, dans les « Infeuilletables », l’espace dégagé lors du chantier de fouilles archéologiques. Elle en transcrit les traces sur un immense « mural ».
« Et si on s’envolait » est le volet « rural » de la manifestation par lequel huit artistes, présents dans les espaces annexes du Quadrilatère (jardin, vestiaire, café), ont été invités à intervenir dans le paysage du village de Hermes (Oise). Ils investissent des endroits inattendus : ancienne école primaire, hangar à kayak, vieille maison, lavoir, tout cela avec des propositions artistiques variées, inégales, parfois discutables… pour une création originale liée au site.
Les nuages collés sur les murs de Thibauld Brunet laissent perplexe, alors que son installation hautement technologique Livres- Falaises au Quadrilatère impressionne.
L’enregistrement sonore dans le lavoir de Dominique Biais peut laisser indifférent, on préfère la poésie de ses vidéos. Le collier géant d’ustensiles ménagers, rappel du savoir-faire local dans le domaine de la brosserie, amuse…
En revanche, l’enregistrement immersif de Camille Liobet, qui transforme des bruits naturels (chute de pierres, eau) en un curieux langage sonore, et la fascinante installation vidéo de la canadienne Sabrina Ratté, à partir d’objets abandonnés métamorphosés dans un environnement virtuel, provoquent surprise, étonnement et rêve.
Pendant quatre semaines de nombreuses manifestations, projections de films, spectacles vivants, concerts et performances, vont ponctuer les différents moments du Festival. L’expérience résolument plurielle et décloisonnée témoigne de la volonté commune du Centre Pompidou et du Centre d’art de Beauvais de favoriser des démarches artistiques originales, ancrées dans l’environnement et en collaboration avec les habitants, entre réel et imaginaire. À suivre…
Jusqu’au 15 juin 2025
Le Quadrilatère – Centre d’Art
Beauvais (60) – Hermès (60)
En Une : Séverine Hubard – La Fontaine de Hermes réalisée en collaboration avec les habitants – ©Chantal Vérin
