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On en parle

Herman Braun-Vega

Christian Noorbergen, le 16 janvier 2024

Mémoires et Métissages par-delà les océans

Le Centre d’Art FIAA, au Mans, sous la houlette éclairée de Lucien Ruimy, grand maître de ce superbe lieu d’art, expose le grand Herman Braun-Vega, récemment disparu. Pour Herman Braun-Vega, l’histoire de l’art est un paysage d’âme et de vie, un autoportrait infiniment démultiplié, un formidable parcours d’art et d’amitié où il convoque ses copains de génie disparus, de Velasquez à Picasso, et ses compagnons de création d’aujourd’hui, d’Arroyo à Dewasne. 

Que tal? Don Francisco à Bordeaux ou le rêve du Novillero – 2007 – 200×200 cm

Ainsi chaque peinture ouvre les portes et les fenêtres du temps. Le sublime passé fait acte de pure présence au sein même de sa propre peinture, avec humour, tendresse et sensualité picturale. Respect et impertinence mêlées. Braun-Vega donne à mieux voir le corps et les corps dans la peinture et par la peinture. La nudité, joliment présente un peu partout, et gentiment transgressive, se moque des non-dits de l’art. Fabuleux corps vêtus d’espace et de pigments. Entre Éros et ironie.

Cita en el campo – 1985 – 162×130 cm

Formidable mise à nu du corps narcissique, quand Herman Braun Vega prend d’admirables distances avec les surfaces de l’ego. Il plonge au profond de l’acte créatif, en faisant vive mémoire de ce qui l’a construit. On le voit parfois vivre au présent dans l’image renouvelée d’une œuvre disparue. La peinture devient le fabuleux décor d’un théâtre intemporel riche d’acteurs prodigieux. On le voit parfois lui, on voit les siens, on voit ses amis, peintres d’abord, mais aussi comédiens ou écrivains.

George Sand dans l’atelier de Delacroix avec Musset, Balzac et Chopin – 2004 – 146×146 cm

La peinture pour Herman Braun-Vega est un terrain de parcours communautaire. Elle est pur dialogue sans fin et sans frontière. Elle traverse les époques. Son art, riche d’humanité partagée, fait passage. … 

Don Pablo baila un huayno bajo la mirada sorprendida de Matisse – 2005 – 200×200 cm

L’ironie latente de l’artiste et sa manière osée de s’approprier des éléments clés d’œuvres majeures, tout cela s’attaque au sérieux installé de l’histoire de l’art, et la rend proche, conviviale et ouverte. Si l’intime n’existe guère dans les musées, il est omniprésent dans les peintures d’Herman Braun-Vega. Son art respire à hauteur des plus grands. Il assure une forme de véracité existentielle, de lien, voire d’unité. Les références choisies, à la fois universelles et privées, très repérables ou discrètes, oxygènent le présent. Elles le rendent habitable.

Jusqu’au 28 avril 2024
Centre d’Art FIAA – La Visitation – Le Mans (72)

En Une : L’écrivain public – 1984 – 195×130 cm