Herman Braun-Vega – “La métamorphose d’un artiste”
Christian Noorbergen, le 25 avril 2022
A Arcueil, qui fut longtemps son lieu de vie, deux superbes expositions rendent hommage à Herman Braun-Vega. Situées à deux pas l’une de l’autre, la première se présente comme une rétrospective, et la seconde, directement dans la maison de l’artiste, permet une découverte intime, émouvante et précieuse,
tant les œuvres exposées sont de très grande qualité. Didier Hannoir est le commissaire éclairé de cette double impressionnante exposition.
Le premier regard sur une œuvre d’Herman Braun-Vega donne une impression d’évidence et d’objectivité, tant la superbe figuration de l’artiste donne à voir clairement tous les éléments qui la composent, quand chaque détail fait sens lisible et apparent. Mais il faut se méfier d’une interprétation trop rapide, car chaque peinture est à la fois un formidable piège à regards et un lieu d’humour latent un rien transgressif, voire subtilement corrosif.
Chaque peinture ouvre les portes et les fenêtres du temps. Les grands personnages du passé, les maîtres d’art de l’artiste, de Goya à Picasso, ou de Vélasquez à Matisse, côtoient, dans une admirable galerie de portraits, ceux du présent, de Bacon à Arroyo, ses amis d’âme et de cœur. S’ajoutent des détails surréalisants qui perturbent une possible clarté de lecture. Peinture sans frontière mentale où l’artiste, intégrant toutes les données de la création picturale, plonge au profond de l’acte créatif, en faisant vive mémoire de tout ce qui l’a construit.
L’énigme vive de l’existence couve dans l’art secret d’Herman Braun.
Dans cet art profond, l’artiste ajoute toujours, ou presque, un humour vif qui bouscule le trop sérieux de l’art installé. Il sait prendre, phénomène rare à notre époque, d’admirables distances avec les surfaces de l’ego, car il ne lâche jamais la bride aux excès du geste ou de la couleur. Il ose se laisser envahir par les cultures proches et lointaines qui le hantent, souvent lié à son pays d’origine, le Pérou, et qui sans cesse s’interpénètrent. Et sa peinture plurielle, riche d’une humanité pudique et sensible, devient le fabuleux décor d’un théâtre intemporel et quasi universel.
Ce qui relie à vif les éléments épars de sa haute création, c’est la chaude chromatique, totalement maîtrisée, de l’artiste. Personnelle, dense, retenue et très légèrement voilée, elle est solaire et sensuelle.
Herman Braun invente, au fond, un monde, au-delà des temps et des espaces connus. Un monde à partager et enfin habitable, plus vrai et plus beau que le nôtre.
En Une : Don Pablo baila un huayno bajo la mirada sorprendido de Matisse – 2005 – 200x200cm
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