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On en parle

Henri Michaux – Connaissance par les gouffres

Christian Noorbergen, le 18 mars 2021

La disparition d’Henri Michaux, en 1984, à Paris, ne l’a pas fait disparaître de la mémoire vivante, des musées et des grandes galeries. On l’a vu récemment au Guggenheim de Bilbao, au Musée d’Art Moderne de Paris, et en Chine.

L’un des très grands poètes du vingtième siècle, traduit dans toutes les langues, était également un formidable créateur de vibrantes taches par lui habitées : signes vibratiles hallucinés, encres plus qu’inventives, aquarelles sous haute tension, et encore, plus rarement, huiles étranges et souveraines.

Sans titre – 1974 – 63×88 cm

Inlassable voyageur (“Un barbare en Asie“ est un livre-source), Henri Michaux était fasciné par la Chine. Zao-Wou-Ki était l’un de ses proches amis. Être secret d’une exigence extrême, Michaux avait peu d’amis. Parmi eux, Pierre Bettencourt (cf Galerie Les Yeux Fertiles), lui aussi peintre et écrivain prodigieux, Unica Zürn, François Cheng, ou Louis-René des Forêts.

Dessin de réagrégation – 1969 – 32×23 cm

La galerie Berthet-Aittouarès montre 30 peintures sur papier choisies à l’occasion du retour de Chine d’œuvres prêtées pour l’exposition « Henri Michaux-Mu Xin » au Mu Xin art museum de Wuzhen et au Power Station museum de Shangaï. Le dialogue proposé avec l’artiste chinois Mu Xin atteste la relation étroite, et toujours actuelle, entre Michaux et la culture chinoise. 

Sans titre

Michaux fouille littéralement l’éclatement de l’être, et creuse la métamorphique indifférenciation de ses fonctions mentales par une écriture à hauts risques. Né troué, lacunaire et blessé, Michaux ne cesse d’affronter le vide. Comme sur un vertigineux toboggan, il se jette dans l’ailleurs.

Sans titre – 1967 – 56×75 cm

Ses créations sont les figures éphémères, inattendues et surgissantes, d’une altérité toujours présente, et d’un réel toujours en perdition. Michaux ose s’y perdre. Virtuose de l’hétérogénéité des champs sémantiques, il vagabonde dans les désordres du langage, et ses métamorphoses graphiques posent le parti pris du retrait perpétuel, et s’opposent par toutes ses apparences au corps de référence. Autoportraits évidés, exorcisés. Son écriture effarée éblouit l’espace.

Retour de Chine
Jusqu’au 17 avril 2021
Galerie Berthet-Aittouarès – Paris 6ème

Jusqu’au 20 mars 2021
Galerie Lelong & Co – Uniquement en ligne