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On en parle

Henri Michaux à Issoudun

Christian Noorbergen, le 2 avril 2024

Le musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun occupe l’emplacement de l’ancien Hôtel-Dieu, fondé au XII siècle. Il est labellisé Musée de France ainsi qu’Architecture contemporaine remarquable. En 2011, le musée fait l’acquisition de 27 lithographies d’Henri Michaux issues d’une importante partie du fonds de la Collection Pons, auprès d’Élisabeth Pons. Plus récemment, en 2015 puis en 2022, deux exceptionnelles donations de Mme Françoise Marquet-Zao, épouse du peintre franco-chinois Zao Wou-Ki, viennent enrichir le musée de l’Hospice Saint-Roch. Issoudun met à l’honneur les encres et les lithographies du peintre-poète, 40 ans après sa disparition.

Sans titre – 1946 – Huile sur toile – 36,5×51,5 cm – Collection Zao Wou-Ki – Donation Françoise Marquet-Zao 2015 – © Photographe Antoine Mercier

Henri Michaux (1899-1984) est donc bien présent dans les collections de ce superbe musée de province (on y voit Fred Deux, Zao-Wou-Ki (grand ami de Michaux), Pierre Bettencourt, Brigitte Terziev et bien d’autres), par achat et par donation. Cécile et Fred Deux ont donné une aquarelle et des gravures de cet artiste en 2000. Le musée a également acquis deux œuvres auprès de Geneviève Bonnefoi, son premier critique et amie de longue date, œuvres acquises par le vendeur chez Drouin. 

Sans titre – 1948 – Aquarelle sur papier – 26×38 cm – Collection Zao Wou-Ki – Donation Françoise Marquet-Zao 2015 – © Photographe Antoine Mercier

A Issoudun, les œuvres du peintre-poète sont représentatives des techniques particulières de Michaux : aquarelle, crayon, frottage, jet d’encre. Artiste inclassable, grand poète et peintre majeur (il a notamment influencé les Cobra), utilisant certaines techniques des surréalistes, mais aussi proche de Dubuffet (superbe correspondance publiée entre eux), et “découvert“ par Daniel Cordier, grand marchand d’art, Henri Michaux est une figure dominante du vingtième siècle artistique, traduit dans le monde entier par les plus grands poètes. 

Emmanuel et son double – 1955-56 – Aquarelle – 40×30 cm – Collection Geneviève Bonnefoi – Provenance Galerie Drouin, Paris – Achat avec le soutien du FRAM – 2000 – © Photographe Jean Bernard

Fidèle à sa solitude, il refuse le Grand prix national de la littérature que Malraux veut lui décerner et même le Prix Nobel de Littérature…

Chez lui, signes, taches, écritures inventées inventent des formes et des territoires inconnus. Pour Henri Michaux, l’espace est une abstraction comprenant une quantité infinie de formes, d’êtres, d’états, dont on a du mal à imaginer l’étendue. A lui de les révéler : “Comme moi, la ligne cherche sans savoir ce qu’elle cherche, refuse les immédiates trouvailles, les solutions qui s’offrent, les tentations premières…”. Michaux a exposé naguère au Point Cardinal, à Paris. On l’a vu à la Biennale de Sao Paolo, et à la Biennale de Venise, (où, là encore, il refuse le Grand Prix), au Guggenheim de New-York, à la Documenta de Kassel…

Le jeu de la pelotte mexicain – 1952 – Gouache – 50×40 cm – Collection Geneviève Bonnefoi – Provenance Galerie Drouin, Paris – Achat avec le soutien du FRAM – 2000 – © Photographe Jean Bernard

Michaux n’a de cesse d’explorer toutes les possibilités d’envahir l’espace à peindre, corollaire impressionnant de sa capacité à écrire pour découvrir l’espace intérieur. Exceptionnel duo créateur chez un même formidable artiste.

A voir également une belle et grande exposition de Jean Zuber, jusqu’au 20 mai 2024

Jusqu’au 29 décembre 2024 – Conférence sur Michaux le 20 avril 2024 à 15h
Musée de l’Hospice Saint-Roch – Issoudun (36)

En Une : Sans titre – 1974 – Huile sur toile – 35×27,3 cm – Donation Françoise Marquet-Zao – Collection personnelle Zao Wou-Ki – Musée de l’Hospice Saint Roch – Issoudun – INV. 2015.8.5 – © ADAGP, PARIS 2024