“Capharnaüm“, étrange et fulgurante exposition organisée au Moulin de la Filature. “Cette mise en scène que j’ai intitulée Capharnaüm est une réflexion sur la foule. Cette foule hétéroclite est-elle portée par un espoir ? Peut-être.” Hans Jorgensen, fort sculpteur est un magicien égaré dans l’âpreté, la rudesse et la fulgurance. La fièvre des profondeurs habite ses sombres féeries, et ses silhouettes totémiques. Surgissements inactuels d’une scénographie festive, jubilatoire et scabreuse, dans un somptueux théâtre de la transe et de la cruauté. Dans ce rituel à prodiges, halluciné et ténébreux, des marionnettes cassées secouent nos certitudes. Modernité foudroyée, Hans Jorgensen met le feu aux mélancolies du quotidien. Jubilatoire sidération…
Saltimbanques agités, mannequins décharnés, démantibulés, de quel enfer nostalgique de fiel et de hasard, vous êtes-vous échappés ? De quel désespoir aigu êtes-vous revenus ? Vous hantez nos misères et vous saccagez nos habitudes. Vous réveillez le chaos sublime endormi dans nos passages cloutés. Art d’éveil et d’élan. Hans Jorgensen enchante nos pulsions détruites, et ses créations-créatures dansent à vif et à cru sur l’ennui de nos écrans. Êtres de survie sauvage, vous nous sauvez la vie fabriquée, et nos fatigues disparaissent aux affres de vos désirs.
Des êtres frénétiques, libres de toute convention, de décence médiocre et d’inertie culturelle, bouleversent l’inertie du réel. Jorgensen met le feu à tous nos marécages.
Le grotesque habité se moquera du sérieux jusqu’à la fin des temps. Flotte une odeur de gouffre, de souffre et d’étrange énergie sacrificielle. L’antre, la fosse et la grotte scénographient furieusement l’espace. Ici, l’art libéré transgresse de partout, et les vitales jouissances rodent sans fin dans l’obscurité des fantasmes. Ô le spectacle illuminé des festivités perdues. Spectateur ébloui d’une fête spectrale inouïe, quelle altérité brûlante s’agite au dedans et irradie nos sources ?
Jusqu’au 18 février 2024
Le Moulin de la Filature – Le Blanc (36)
