“If I cannot inspire love, I will cause fear…”, la frontière entre le monstre gentil et la créature démoniaque est ténue, croyez-en Mary Shelley et son emblématique Frankenstein ! “Gare aux monstres” est un voyage initiatique aux pays de ces créatures de tout poil, bois, crocs, tentacules et autres attributs, pour les petits mais surtout pas que ! Une exposition en famille aussi joyeuse que terrifiante : “Ne nous abandonnez pas, nous vous aimons terriblement !” clamaient les maximonstres de Maurice Sendak, et croyez-moi, cette exposition est une invitation à les aimer, tous !
Commençons par les plus jeunes : incroyable installation du collectif Artimuse, le baryton des marais, de cagettes assemblées prônant le zéro déchet, déploie sa longue silhouette de sorcière enchantée aussi poétique qu’impressionnante en cette maison-folie de verre et d’acier à la vue spectaculaire sur le parc de la citadelle, poumon vert lillois.
Les masques suspendus des illustratrice et scénographe-designer, Lucie Massart et Nasstasia Szymczak, l’entourent, galerie de portraits en bois recyclé et autres matières chinées en ressourcerie, l’heure est aussi verte que drôle ! Olivier Sampson quant à lui orne les murs de ses aquarelles fraîches et délicieusement humoristiques : un vampire sirotant une orange sanguine à la terrasse d’un café, une créature façon Edouard aux mains d’argent ou Freddy et ses griffes légendaires préparant une blanquette de veau avec des ciseaux-mains, ou encore un monstre bleu hideux qui cauchemarde un monde rose Barbie peuplé de licorne, fleurettes et arc-en-ciel, un enfer !
Les techniques sont tout aussi variées que les représentations des monstres elles-mêmes : peinture, sculpture, gravure, broderie, installation… Les artistes de renommée internationale tels Combas ou Di Rosa côtoient des contemporains aussi créatifs que talentueux.
Coup de cœur pour Didier Hamey et ses créatures gravées inspirées de la faune et du végétal aussi mystérieuses que magnétiques, un voyage au pays de la poésie et de l’étrange complété par un cabinet de curiosités de sculptures sous globe, éléments glanés sur les plages. Les monstres sont aussi en textile, brodés par Edith Raymond, ou revêtant poils et cheveux chez la féministe engagée Elodie Wysocki avec ses drôles de Ladies Godiva et Darwinettes. Elle nous présente également quelques gravures, dont Julia, femme à barbe honteusement montrée dans toute l’Europe quand le Freaks faisait son cirque…
Puisque l’art étend ses tentacules à toutes les sphères, le cinéma, la littérature, la bande dessinée, la musique, les contes, la mythologie, mais aussi les jeux vidéo et les séries ne sont pas laissés pour compte ! Un espace famille permet d’exercer ses talents avec l’association Ch’ti Lug, mettant à disposition des milliers de briquettes pour réaliser son propre monstre en Légo ! Quant aux tout petits, à leurs crayons ! Ils exposent leurs chefs d’œuvre en dessins affichés, se racontent des histoires à rêver debout en ayant les chocottes dans l’installation de Lisette Carpette “Bouh !” !
Frissonnez avec plaisir, tremblez avec une frousse délicieuse, ne ratez surtout pas cette exposition monstrueusement enchanteresse ! Et souvenez-vous : on est tous le monstre de quelqu’un…. Même pas peur !
Jusqu’au 3 décembre 2023 – Le Colysée – Maison Folie – Lambersart (59)
