Immersion au coeur de Göta, la maison lyonnaise qui réinvente la broderie d’art
Découvrir Göta, c’est s’offrir une immersion dans un univers où le savoir-faire ancestral de la broderie se mue en un médium d’expression contemporain. Fondée en mars dernier par Benjamin Beau, déjà à l’origine de Vangart, cette maison lyonnaise s’inscrit dans une démarche audacieuse : proposer des œuvres d’art brodées sur toile, alliant innovation technologique et héritage des maîtres tisseurs. Un pari osé, mais qui, à en croire l’enthousiasme de son fondateur, est en passe de bouleverser les codes du marché de l’art.
D’une passion à deux marques : l’évolution d’une vision
L’aventure de Benjamin Beau dans le monde de l’art est celle d’un autodidacte passionné. « J’étais dans le prêt-à-porter, et je collaborais déjà avec des artistes pour de la broderie sur vêtements », nous explique-t-il. C’est de cette première expérience, et d’une prise de conscience environnementale quant aux lieux de production, que naît Vangart il y a quatre ans, spécialisée dans la broderie d’œuvres de street art. Le succès est au rendez-vous, mais très vite, Benjamin se heurte à une réalité du marché : « Je me suis pris pas mal de portes à cause de cette image street art. »
C’est ainsi qu’est née Göta, « une seconde marque qui s’adresse essentiellement à l’art contemporain. Vangart, c’est plus street art, et Göta, c’est art contemporain. Mais en réalité, c’est un peu la même chose, sauf que nous n’avons pas la même approche artistique » précise-t-il. Une stratégie claire pour naviguer dans un milieu parfois perçu comme élitiste, et ouvrir la broderie à de nouvelles collaborations prestigieuses.
Quand le fil réinterprète le geste artistique
L’une des plus grandes interrogations tourne autour de la capacité de la broderie à retranscrire la finesse et la complexité d’une œuvre. Benjamin Beau ne cache pas les défis : « Il y a des œuvres qui s’y prêtent beaucoup moins. On va remplacer des aplats de couleur par des aplats de fil. Il y a quand même des limites. »
Pourtant, l’enthousiasme qui l’anime à chaque nouvelle création est palpable. « Le public a mis du temps à s’habituer à ce médium, mais il trouve ça très intéressant d’avoir une réinterprétation de l’œuvre en broderie, qui n’est pas vraiment un copier-collé de la peinture, c’est une réinterprétation. »
Et les résultats sont là. Des collaborations d’envergure, notamment avec des artistes de renom comme Hom Nguyen, Miguel Chevalier, ou encore Claire Tabouret. Des noms qui résonnent et qui prouvent la légitimité de ce nouveau médium. « On a eu des retours de professionnels du milieu, de galeristes qui disaient « Je n’aime pas cet artiste-là en peinture » et là, en broderie, il faut le dire, ça rend plutôt bien » s’amuse Benjamin.
Le processus de création est lui aussi un véritable ballet entre technologie et savoir-faire humain. De la rencontre avec l’artiste au choix méticuleux des fils et des tissus (velours, lin…), chaque étape est une co-création. Le processus, qui peut prendre de six semaines à six mois, est un équilibre subtil entre expertise technique et vision artistique.
Un savoir-faire lyonnais labellisé et une ambition sans limites
Göta, c’est aussi une histoire de racines, profondément ancrée dans le territoire lyonnais. « C’est un projet qui est Made in France de A à Z. Je dirais même made in Lyon » insiste Benjamin, fier de la production locale dans le tiers-lieu Bel Air Textile à Villeurbanne.
Cette démarche a même valu à Göta une prestigieuse reconnaissance : « Il y a un mois, on a été labellisé EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant, qui certifie le savoir-faire français. » Un gage de qualité et d’authenticité pour cette jeune maison.
Les ambitions de Göta et Vangart sont à l’image de leur dynamisme : débordantes. « Le succès de Göta et Vangart est basé exclusivement sur les artistes avec lesquels on va collaborer, » affirme Benjamin. L’objectif ? Continuer à collaborer avec des grands noms de l’art contemporain et du street art, et pourquoi pas, devenir une référence incontournable dans le milieu du textile d’art. Avec déjà plus de 600 œuvres vendues l’année dernière, le chemin est prometteur.
En dépit des obstacles et des sceptiques initiaux, Benjamin Beau a su imposer son audace. En voyant les œuvres, le constat est unanime : la broderie d’art selon Göta est bien loin des clichés des “broderies de grands-mères”. C’est un médium à part entière, qui offre une nouvelle dimension aux créations artistiques.
L’histoire de Göta est celle d’une réinvention, d’une rencontre inattendue et fructueuse entre l’art et le textile. Une invitation à regarder l’art différemment, à le toucher, à le ressentir, et à se laisser emporter par la richesse d’un savoir-faire réinterprété.
En Une : Hom Nguyen – Human Blue
