« Allégories »
Par possession vive, Gérard Stricher s’élance de trames élémentaires, de telluriques lignes de force, et de prodigieuses laves mentales. Puis il jette la clé des codes. Van Gogh, CoBra, et les puissances archaïques des pays oubliés sont convoqués. Entre vie brève et folle santé, cet art brûlant fait paysage à nos affects. Gros plan sur les surgissements de l’origine. Il faut refaire le vieux monde. La vraie vie est toujours déjà là.
Entre invisible figuration et abstraction incarnée, d’extrêmes tensions en charge du chaos créateur incantent souverainement l’espace. Des structures éminemment plastiques se dégagent. Et des paysages d’immensité emportent au loin les horizons. Formes éclatées et plurielles, traversées de tous les creux du monde. Par sa matière-terre première travaillée du dedans, Gérard Stricher déchire l’étendue. Ecriture sauvage d’une défiguration emportée dans le salutaire no man’s land du hors-sens. Espace déchiqueté d’un art sans cesse en effraction.
Les paysages foudroyés de Gérard Stricher sont des fulgurances arrêtées. La fièvre des profondeurs habite ces chromatiques explosives et ces bouleversements visionnaires. Frénétiques paysages d’avant-monde, libres de toute évidence culturelle, qui bouleversent l’inertie du réel, et s’enracinent aux affres du désir. Etrange énergie sacrificielle. Dans cet art d’empoignade et de combat, les sources de l’étendue exultent. Les veines du sang profond de la terre sont ses chemins d’univers.
Formidable terrien, Gérard Stricher impose un art barbare et lumineux, exultant de sauvage santé, au poids immense de vie dévorante et de magma à peine apprivoisé. Il éprouve la puissance solaire des transgressions vitales qui emportent nos vies et nos vides. Sa peinture navigue entre plans chromatiques assénés et durs signes structurants, entre respiration de chair enfouie et labyrinthe d’idées brutales, entre écriture monumentale et peinture chamanique et « chargée ».
Ici et là, cependant, d’infimes délicatesses ponctuelles se chargent d’infinie sensibilité. Ici et là, Gérard Stricher déverse des hectares d’oxygène psychique dans un espace maculé de profondeurs charnelles.
Jusqu’au 25 juin 2025
Galerie Protée – Paris 6ème
En Une : « Silence et Horizon » – Oil on canvas – 200×170 cm