< retour aux Articles
On en parle

Fragments d’un discours féminin

Christian Noorbergen, le 11 janvier 2021

De l’abstraction géométrique de Marie Amédro aux fulgurances ouatées de Yolaine Wuest, l’excellente galerie Murmure de Colmar, dirigée par Audrey Clerc, enchante par l’ouverture créatrice des artistes exposées, qui osent et qui s’imposent.

Peinture, photographie, sculpture, art du nouage et de la céramique, autant de territoires d’art acculés aux limites. Si le fonds de la galerie est somptueux, de Chillida à Max Ernst, ou de Hartung à feu notre ami Louis Stettner, les expositions contemporaines, audacieuses et percutantes, plongent au cœur de notre temps, et les “Fragments d’un discours féminin“ jouent le jeu d’une prise de risques assumée et nécessaire.

Yolaine Wuest – 139 (D)éploiement

Chez Yolaine Wuest, libres de masse et de pesanteur, des filaments s’aventurent dans l’ombre absolue, et l’appel des ténèbres installe ses failles de blancheur au creux de nos abîmes. Surgit une aile d’instant fatal, et la tache libérée, affolée d’exister, envoûte l’étrangeté du monde. Yolaine Wuest crée des veines de nuit, de fines veilles d’étendue, et des traversées d’intimité secrète.

Marie Amédro – Automne jaune

Marie Amédro rend l’abstraction mystérieuse et sensible, sage et bousculée, décantée à l’extrême. Magistrale chromatique, subtile et aérienne.

Rose-Marie Crespin, qui exposera cet été au Musée de la céramique et de l’ivoire, interroge le temps et l’absorbe. L’œuvre, plurielle, est remarquablement ouverte sur tous les possibles de la céramique, du sable et du nouage.

Rose-Marie Cespin – Fleurs de sable

Céline Dupont travaille la terre du dedans, et ses créations méditatives sont autant d’empreintes d’âme, de matière et de sol.

Céline Dupont – Terre d’empreinte – 80×80 cm
Vinça Monade – Sculpture céramique

Vinça Monade, sculptrice, délivre les masses de toute lourdeur, et sa chromatique affirmée, délicate et tendue, envoûte subtilement. D’intime apparence, souple et tendue, ses blocs fins s’étreignent pudiquement.

Sophie Patry (image en couverture de l’article – NDLR) propose une photographie poétique, allusive et rêvée, lointaine et fragile, d’allure fantastique ou fantasmée, et d’extrême présence. Elle fouille à vif les mystères du visible.

Jusqu’au 6 mars 2021
Galerie Murmure – Colmar (68)