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On en parle

Féminin plurielles

Christian Noorbergen, le 3 octobre 2022

L’ancienne coopérative viticole de Montolieu, dans l’Aude, près de Carcassonne, au pied de la Montagne Noire, abrite désormais la formidable collection de Cérès Franco. Brésilienne et parisienne d’adoption, historienne et galeriste insigne, Cérès Franco fut une pionnière, et les artistes qu’elle a défendus, dans les années 60, sont souvent, aujourd’hui, dans de grandes collections.

Tania Pedrosa – Odia de Jamanja – 2002 – 72×52 cm

Depuis 2015, chaque année, une exposition temporaire explore une des facettes de la collection. 2022 met en exergue à la fois le nombre exceptionnel de femmes artistes de toute nationalité présentes dans la collection, mais aussi la force d’un regard croisé entre artistes contemporaines et artistes de la collection. De Dominique d’Acher à Chaïbia, grand voyage en sublime féminitude acharnée. Pour Michela Alessandrini, commissaire de l’exposition, “il s’agit d’exposer les rêves et les fantasmes de ces artistes, afin de remettre en question la notion de féminin, et proposer son dépassement par l’accueil de l’autre, comme Cérès nous invitait à le faire.”

Cristina Salgado – Sans titre – 1987 – 100×71 cm

Ma patrie, c’est l’art”, disait Cérès Franco, “et nous avons à découvrir et à faire découvrir. Je ne prenais jamais un artiste qui était en galerie, par scrupule, et je mettais de côté l’art des malades mentaux, ça me gênait. Les arts spontanés du Brésil, mon pays natal, les arts naïfs et les autodidactes me fascinent. Je trouve en eux des valeurs qui équilibrent celles de la culture de l’époque. Au début, les œuvres monumentales m’attiraient, et d’emblée, Etienne Martin, Germaine Richier, Arp et César m’ont prêté de grands formats. Mes choix intimes m’opposaient à l’art installé. Je suis gênée d’être une collectionneuse, ou une galeriste. Au fond, je suis une poète de l’art. J’ai horreur qu’on m’explique la peinture. C’est une affaire secrète entre elle et moi. C’est comme faire l’amour. L’art doit être libre, sans frontière, et universel. Pas besoin de passeport académique pour circuler dans le monde“.

Jusqu’au 30 octobre 2022
La Coopérative – Musée Cérès Franco – Montolieu (11)

En Une : Jaber – Portrait de Cérès Franco – 100×73 cm