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SABRINA BIANCUZZI

SABRINA BIANCUZZI

Du 13 octobre 2015 au 20 novembre 2015

À retrouver à GALERIE LA RALENTIE
22-24 rue de la Fontaine au Roi
75011 Paris
France

www.galerielaralentie.com
01 47 00 32 24

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SABRINA BIANCUZZI

GALERIE LA RALENTIE Arrow Right

GALERIE LA RALENTIE

Du 13 octobre au 20 novembre 2015

PARIS 11ème

 

 

SABRINA BIANCUZZI

L’inquiétante étrangeté.

« Entrez, braves gens, dans le domaine de l’unheimlich”. Laissez vous conduire dans les sous-sols où des ombres savantes surgissent des cous de cygnes, des ours sans têtes, des vierges noires en extases, de nobles et menaçantes licornes.

 

L’inconscient est la chambre noire où s’élaborent de dangereuses et fascinantes splendeurs, où d’anciennes croyances sommeillent et ressuscitent. Ainsi s’aventure Sabrina Biancuzzi, puisant ses images aux sources d’une enfance encore hantée par les ogres et les fées, exorcisant ses visions au travers d’un bestiaire tout en grâce et cruauté. Et puis les visages, icônes subtilement torturées, en proie aux prières que la lumière surprend. La tentation sera trop forte, il s’agira toujours d’ouvrir le rideau, de quérir le reste, d’espérer le grand frisson amorcé par l’artiste: ici, nous sommes de l’autre côté, dans les souterrains où gisent les secrets. Poussez la porte, braves gens, nous ne sommes plus sûrs de l’éveil, nous rêvons…. peut-être; nous flottons d’images en images, les yeux mi-clos, happés par ce qui, malgré nous, nous révolte et nous fascine, condition même de notre hypnose.

L’ombilic du cauchemar est notre rampe. La profondeur où se risque la photographe est sa force. Transgressant le familier, elle a ramené de ses abysses ce qui ne devrait pas être vu, ce qui donc justement nous inquiète. L’inquiétante étrangeté se déclare, s’épingle discrètement à la trop grande fixité d’un regard, à la statue qui vous suit de loin, soudain soupçonnée de vivre, à la bête empaillée qu’on imagine voir saigner encore. Du familier surgit la menace. Sommes nous si sûrs d’avoir quitté nos préhistoires et nos grottes, nos caveaux où résonnent les cris de nos fantômes, ce temps où nous nous faisions peur la nuit à habiller nos ombres, où nos poupée riaient dans le noir? Sabrina Binacuzzi nous le rappelle, et partant, que ce temps là est toujours a deux doigts de nous ressaisir, car ce temps là, peut-être, est la doublure intime, toujours, de nos consciences et de nos lumières.

“De la solitude, du silence, de l’obscurité, nous ne pouvons rien dire, si ce n’est que ce sont là vraiment les éléments auxquels se rattache l’angoisse infantile qui jamais ne disparaît tout entière chez la plupart des hommes.” Freud, qui parle ici, nous l’aura appris à sa façon. C’est pourquoi aussi il faut descendre dans la cave et croiser au passage le divan. Il est là, métaphore qui accompagne le voyage et qui nous dit que les images de la photographe sont celles qui naissent au détours des associations inconscientes, en direct de nos fantasmes et de nos peurs, de nos désirs cachés, terribles seulement d’avoir étés tenus pour réalisables. Tout est là: nos imaginaires, nos fictions pris comme réels, et quand nous ouvrons les yeux, enfin, ces images nous délivrent car elles sont sur les murs, enfin hors de nous.

Ces images nous traduisent, elles nous disent mieux et plus vrai: elles sont nos angoisses enfouies, tenues au secret, l’exacte dose de rêve et de cauchemar posées sur les images. Et l’ un des talents majeurs de Sabrina Biancuzzi serait bien cette sorte de posologie réussie de la sorcière, capacité magistrale de ressusciter l’enfance, d’en restituer l’émoi et les hantises profondes pour les donner à voir. Au final, exercice saisissant du travail accompli de la sublimation.

Isabelle Floc’h – Juillet 2015

 

 

 

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