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On en parle

Evgenia Sare

Christian Noorbergen, le 20 mars 2024

Fééries d’intimes transgressions

Chaque effigie de tête, drolatique et rondelette, osée et surgissante, se détache admirablement dans les surfaces un rien lunaires des étendues dénudées d’Evgenia Sare. Oniriques et médiévaux, ses paysages intemporels sont d’étranges décors évidés pour humains fiévreux. Elle efface en elle les appuis attendus de la réalité, et ses personnages aigus et surprésents paraissent à jamais animer un conte de fées scabreux pour adultes faussement naïfs, qui évoquent en nous les affres du quotidien, et le comique des relations amoureuses.

Miracle – 50×50 cm

Dupliquée dans le miroir charnel du couple, ou encore émiettée dans la toile par une foule d’êtres émouvants et trop humains, la face humaine domine, aiguisée par le jeu, le hasard, la fête, ou la tendresse. Somptueuse théâtralité d’un ordinaire somptueusement transgressé, mine de rien, par le dedans.

On dirait la matière lissée et soignée par des milliers de coups de pinceaux. On dirait la surface polie et policée de l’intérieur par des milliers de coups d’œil, attendris et respectueux, regards en biais. Tous ces éléments corrodent la surface de l’œuvre et brûlent les éléments épars d’un charme âpre, délicieusement pervers, comme un frais parfum d’amour traversant nos intimes labyrinthes.

Mélodie d’été – 102×77 cm

Chaque œuvre subtilement magifiée a des relents sacralisés d’intemporelle icône, et prend pour cible le commun des mortels. On se perd en s’y reconnaissant. Petite jouissance de l’attendu inattendu, quand le vécu assoupi se fait spectacle festif et fabuleux.

La chair vive accidente l’étendue. Corporéité fantasmée, nouée et fluide, larvaire et dilatée, débordante de joyeusetés sensuelles. Flottent un air d’absence, une atmosphère raréfiée de maléfice latent, de soufre allusif, et de très plaisante bouffonnerie. 

Jusqu’au 8 avril 2024
Galerie Sophie Lévêque Tôt ou t’Art – Verdun (55)

En Une : Cheval Blanc – 100×81 cm